La pollution des mails est sous estimée

Aujourd’hui, chaque entreprise, chaque collaborateur utilise massivement les mails comme outil de communication. Rapide, accessible, universel, le mail semble un geste quotidien anodin. Pourtant, cette pratique est loin d’être neutre sur le plan environnemental.
Car derrière chaque mail envoyé — qu’il soit vide ou accompagné de plusieurs pièces jointes, que ce soit un simple message interne ou un envoi en masse vers des dizaines de destinataires — se cache une consommation réelle de ressources énergétiques : fonctionnement des serveurs, stockage des données, consommation des terminaux.
Le numérique représente déjà près de 4.4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).
Les enjeux sont considérables pour les sructures. La maîtrise de cette pollution digitale permet de réduire l’impact environnemental. Tout cela en améliorant la performance énergétique des infrastructures, et renforçant la cohérence des politiques RSE. Finalement cette maîtrise revient à répondre aux attentes croissantes des parties prenantes — collaborateurs, clients, investisseurs.
Sommaire
Une pollution digitale massive et encore illisible
À l’échelle mondiale, plus de 306 milliards de mails ont été envoyés chaque jour en 2021, un chiffre qui devrait atteindre 376 milliards en 2025, selon le Carbon Literacy Project.
Ces volumes impressionnants illustrent à quel point la pollution numérique générée par les e‑mails reste sous-évaluée dans les stratégies climat des organisations.
L’empreinte carbone des mails
L’impact environnemental issu de l’envoi d’email est significatif et a représenté pas moins de 150 millions de tonnes de CO2e en 2019, soit 0.3% de l’empreinte carbone mondiale.
En pratique :
- Un mail simple, sans pièce jointe, émet en moyenne 4 g de CO₂e ;
- Ajouter une pièce jointe de 1 Mo fait grimper cette empreinte à 11 g de CO₂e ;
- Un mail lourd, avec plusieurs pièces jointes ou des vidéos, dépasse aisément 50 g de CO₂e.
Ces chiffres deviennent rapidement significatifs quand on regarde les usages au sein d’une organisation :
- En 2019, plus de 4 milliards d’utilisateurs de messagerie électronique étaient recensés dans le monde ;
- En moyenne, un salarié reçoit 141 mails par jour, un dirigeant trois fois plus, et un manager en gère environ 200 par semaine.
Ainsi, l’impact carbone cumulé des échanges mails au sein d’une organisation devient un enjeu clé à intégrer dans la stratégie bas carbone.
Le poids caché du stockage et de la consommation d’énergie
La pollution des mails provient en grande partie du stockage permanent des données sur les serveurs, eux-mêmes alimentés en énergie.
Répartition des émissions de GES du numérique

Comment pérenniser et renforcer son entreprise par une trajectoire bas-carbone réussie.
Les centres de données (data centers), piliers de l’hébergement des sites web, sont de véritables consommateurs d’énergie, souvent alimentés par des sources non renouvelables.
Cette forte dépense en énergie provient de plusieurs sources :
- Les data centers, représentent entre 1,5 % de la consommation d’énergie mondiale. Mais l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) avertit que cette part pourrait grimper à 10 % d’ici 2030 si aucune action significative n’est entreprise.
- Les réseaux nécessaires au transfert des données, alimentés par des infrastructures énergivores.
- Les terminaux des utilisateurs, comme les smartphones et les ordinateurs, utilisent eux aussi de l’électricité.
Un constat alarmant puisque la production des terminaux représente à elle seule entre 65 et 90 % de l’empreinte carbone du numérique en France. C’est ce que révèlent les estimations du rapport conjoint de l’Arcep et de l’ADEME, réalisé à la demande du Ministère de la Transition écologique et du Ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance.
Dès lors, la réduction de l’impact énergétique du numérique implique d’agir dès la phase de conception et de fabrication, et de repenser nos usages au quotidien.
D’où provient l’empreinte carbone du numérique ?
Si l’utilisation de nos outils digitaux consomme de l’énergie, c’est surtout leur fabrication qui pèse le plus lourd dans l’empreinte carbone globale :
- Environ 60 % des émissions de CO₂ proviennent de la fabrication, contre 40 % pour l’usage
La production d’un simple terminal nécessite des ressources considérables, en particulier des métaux rares. Chaque année, des millions de tonnes de ressources naturelles sont extraites pour produire smartphones, ordinateurs et tablettes, avec des procédés industriels très énergivores.
Exemple frappant :
- La fabrication d’un ordinateur de 2 kg nécessite 800 kg de matières premières et 1,5 tonne d’eau.
- Elle génère 183 kg de CO₂e, alors que l’usage de cet ordinateur représente seulement 7,6 kg de CO₂e.
Source : ADEME
Ainsi, il est nécessaire de prolonger la durée de vie des équipements pour contribuer à une économie durable.
Pour vous aider à agir concrètement, nous avons développé Decarbo’Target®. Ce service de la Decarbo’Solution® permet d’analyser les postes les plus émissifs. Il identifie les flux les plus émetteurs, propose des plans de réduction ciblés, tout en mesurant la performance environnementale des actions menées.
Les enjeux pour les organisation : réduire l’impact, améliorer la cohérence RSE
Face à l’effet croissant du numérique sur l’environnement, les entreprises ne peuvent plus ignorer l’impact de leurs usages digitaux. Si les postes les plus émissifs sont généralement connus (mobilité, énergie, achats), les pratiques numériques — souvent invisibles — représentent une part significative. Dans ce contexte, les organisations doivent s’interroger sur la cohérence de leur démarche RSE et agir pour réduire concrètement leur empreinte environnementale.
Pourquoi les structures doivent-elles agir ?
“L’email est le premier outil de communication en entreprise.”selon le Monde Informatique. Il structure l’essentiel des échanges avec les clients, les partenaires, les fournisseurs.
Or, cette pratique est encore trop rarement prise en compte dans les bilans GES. Pourtant, en intégrant cet impact :
✅ Améliorer la transparence
Inclure la pollution produite par les mails et des données dans le bilan carbone permet d’avoir une vision plus fidèle et plus exhaustive de l’empreinte carbone de l’organisation.
✅ Répondre aux attentes croissantes des parties prenantes
Aujourd’hui, les clients, les salariés et les investisseurs attendent de plus en plus de cohérence entre les engagements environnementaux des structures et la réalité de leurs pratiques numériques.
✅ Renforcer la crédibilité face aux investisseurs
Les analystes extra-financiers et les fonds d’investissement sont de plus en plus attentifs aux critères ESG. La maîtrise de l’utilisation des outils digitaux est devenue un véritable indicateur de maturité RSE.
✅ Réduire concrètement l’empreinte carbone d’une structure
Agir sur les usages numériques (réduction des volumes de mails, optimisation des pratiques de stockage, maîtrise des envois de pièces jointes lourdes) offre un levier rapide et efficace pour diminuer l’impact écologique.
Le numérique est aujourd’hui au cœur des stratégies RSE, sa maîtrise en est devenue un critère clé d’évaluation.
C’est dans cette optique que Decarbo’Supply®, l’un des piliers de la Decarbo’Solution®, accompagne les organisations pour intégrer précisément l’impact carbone de leurs usages numériques — mails, données, serveurs — dans leur stratégie RSE. L’outil permet de valoriser les infrastructures les plus sobres, d’impliquer les fournisseurs et prestataires IT, et de piloter la réduction effective des postes émissifs associés.
Des gains mesurables
L’envoi et la gestion de nos e-mails ont une conséquence écologique non négligeable. Heureusement, adopter de bonnes pratiques permet de réduire significativement cette empreinte.
Voici des actions concrètes pour rendre vos communications digitales plus durables :
1. Optimisez l’envoi de vos e-mails
- Privilégiez les liens pour les fichiers lourds
- Réduisez la taille des pièces jointes
- Simplifiez vos signatures automatiques
A savoir, que multiplier par 10 le nombre de destinataires d’un e-mail, c’est multiplier par 4 son impact selon l’ADEME.
2. Gérez vos boîtes de réception et d’envoi
- Ciblez vos destinataires
- Supprimez régulièrement les anciens e-mails et pièces jointes
De plus, l’utilisation des services de partage de fichiers (serveur local, cloud, ou boîtes de partage dédiées) réduit considérablement le “voyage” des données et leur stockage. Ces données peuvent parcourir environ 15 000 km avant d’atteindre leurs destinataires.
En adoptant ces habitudes, vous participez activement à la diminution de l’empreinte carbone du numérique.
Former et sensibiliser les équipes
Les collaborateurs doivent comprendre que chaque mail envoyé ou conservé, chaque pièce jointe stockée inutilement, a un impact carbone.
Mettre en place des formations dédiées à la sobriété numérique, sensibiliser aux bonnes pratiques et intégrer ces enjeux dans les formations RSE est indispensable.
Or, les salariés eux-mêmes sont prêts à s’impliquer davantage. Selon l’ADEME, 68% des salariés veulent aller plus loin et être formés aux enjeux de durabilité.
La formation devient donc un levier stratégique pour :
- Donner du sens aux nouvelles pratiques durables
- Créer une culture commune autour de la communication éthique et responsable
- Responsabiliser l’ensemble des métiers : RH, marketing, digital, achats, événementiel…
- Faciliter la mise en œuvre de la démarche bas carbone à tous les niveaux de l’entreprise
Chaque mail envoyé, chaque fichier conservé inutilement consomme de l’énergie et contribue au réchauffement climatique. Face à la montée des attentes des clients, des investisseurs et des collaborateurs en matière de cohérence RSE, il devient indispensable pour les organisations de maîtriser cet impact environnemental invisible.
Grâce à la Decarbo’Solution® — et notamment à ses modules Decarbo’Target® et Decarbo’Supply® — les organisations disposent d’un cadre opérationnel pour :
- Mesurer l’empreinte réelle de leurs usages numériques,
- Impliquer les équipes et les fournisseurs dans la sobriété numérique,
- Optimiser les pratiques de gestion des mails et des données,
- Piloter efficacement sa trajectoire de décarbonation.
Chaque mail compte. Chaque action digitale maîtrisée devient un levier puissant pour accélérer la transition environnementale de l’entreprise.
Sources
- Numérique – Calculez l’empreinte carbone de vos usages numériques | Particuliers | Agir pour la transition écologique | ADEME
- Pourquoi calculer son impact carbone ?
- The Carbon Cost of an Email: Update! – The Carbon Literacy Project
- Empreinte carbone d’un mail : 7 solutions pour la réduire | Big média | S’inspirer, S’informer, S’engager
- Le nombre effarant d’e-mails que vous recevez chaque jour au travail – Capital.fr
- Pourquoi calculer son impact carbone ?
- Agir au quotidien : réduire son empreinte numérique | WWF France
- Data centres & networks – IEA
- Environnement | Arcep
- Numérique – Calculez l’empreinte carbone de vos usages numériques | Particuliers | Agir pour la transition écologique | ADEME
- L’email, premier outil de communication en entreprise – Le Monde Informatique
- Numérique – 10 bons gestes et pratiques numériques en télétravail | Particuliers | Agir pour la transition écologique | ADEME