Allier performance économique et environnementale dans le secteur du transport aérien

Le saviez-vous ? En 2019, le transport aérien mondial a émis environ 1 gigatonne de dioxyde de carbone (CO₂e), représentant à lui seul entre 2 et 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Derrière cette statistique se cache un secteur en pleine croissance, vital pour la connectivité des territoires mais aussi lourdement émetteur de carbone. Alors que la lutte contre le réchauffement climatique s’intensifie, l’aviation reste encore trop souvent en dehors des dispositifs contraignants de réduction des émissions.
En France, si les émissions globales ont reculé en 2023 dans plusieurs industries, celles émises par les avions sont reparties à la hausse, révélant une tendance préoccupante. L’avion demeure l’un des moyens de transport les plus polluants par kilomètre-passager, dû à son utilisation de kérosène ainsi qu’une croissance soutenue des vols commerciaux, privés et de fret.
De nombreuses voix appellent aujourd’hui à privilégier le train pour les trajets de moyenne distance. Cela contribuerait à réduire les émissions de GES afin de limiter l’impact climatique de chaque vol.
Comment allier performance économique et environnementale dans le secteur du transport aérien ?
Un secteur en forte croissance malgré les enjeux climatiques
L’année 2023 a confirmé une reprise vigoureuse de l’aviation post-pandémie. Selon l’Association Internationale du Transport Aérien à l’échelle mondiale, ce sont plus de 4 milliards de passagers qui ont voyagé en avion. Un nombre qui devrait doubler d’ici 20 ans.
En France, les émissions émises par transport aérien commercial ont atteint 21,2 millions de tonnes de CO₂e en 2023, selon le Ministère de la Transition Écologique :
👉Dont 79,7 % étaient imputables aux vols internationaux (soit 16,9 Mt de CO₂e, en hausse de 17 %).
👉Les vols intérieurs ont généré 4,3 Mt, incluant 2,7 Mt liées aux liaisons avec l’Outre-mer
Au-delà de la hausse du trafic passagers, le secteur aérien connaît également une forte dynamique dans le domaine du fret. D’après un communiqué publié par l’IATA le 29 janvier 2025, la demande mondiale de fret aérien, mesurée en tonnes-kilomètres de chargement (CTK), a progressé de 11,3 % sur l’ensemble de l’année 2024 par rapport à 2023.
Le mois de décembre 2024 a confirmé cette tendance, enregistrant de solides performances :
- La demande globale a dépassé de 6,1 % celle de décembre 2023 ;
- La capacité disponible a augmenté de 3,7 % sur la même période ;
- Les rendements du fret ont progressé de 6,6 % par rapport à décembre 2023, et restent supérieurs de 53,4 % à ceux de décembre 2019 (avant la pandémie).
Des disparités sectorielles et des usages problématiques
Alors que l’avion s’impose comme un maillon essentiel de nos échanges mondiaux, les émissions de GES ne cessent de croître, alimentées par la combustion de carburant fossile. Cette intensification des trajets aériens exacerbe le réchauffement climatique à un rythme préoccupant.
✈️ Les organisations aérienne low-cost
En 2023, les compagnies low-cost opérant en France ont dépassé leurs niveaux d’émissions de 2019, selon le Bureau de France T&E. Les vols au départ de la France ont augmenté de 10 % par rapport à 2022, totalisant 700 000 décollages et émettant 20,3 millions de tonnes de CO₂e, soit une hausse de 12,5 %.
“Ce rebond de l’aérien est accaparé par les compagnies low-cost, qui ont augmenté leurs nombres de vols de 13% l’année dernière” souligne Jo Dardenne, directrice Aviation à Transport & Environment.
🛩️ Les jets privés
D’après une enquête menée par le Monde, les émissions mondiales de CO₂e des jets privés ont augmenté de 46 % entre 2019 et 2023, atteignant 15,6 millions de tonnes de CO₂e en 2023.
A savoir que près de la moitié des vols effectués étaient pour des distances inférieures à 500 km .
📦 Le fret aérien
Depuis 2019, les émissions de gaz à effet de serre émis par les avions ont augmenté de 25 %. En 2023, l’industrie aérienne a enregistré 300 000 vols supplémentaires, avec un volume transporté en hausse de 30 %. Les États-Unis à eux seuls ont représenté plus de 40 % des émissions mondiales du fret aérien.
Il est important de noter que le fret aérien est environ 80 fois plus polluant que le transport maritime ou routier, ce qui en fait l’un des modes de transport les plus intensifs en carbone.
Le Dr Devyani Singh, co-auteur d’une analyse relayée par The Guardian, alerte : « L’expansion du fret aérien représente une nouvelle menace pour le climat et la santé humaine. Les entreprises doivent rompre avec leur dépendance au transport aérien et privilégier des modes plus durables comme le rail ou le transport maritime. »
Entre compagnies low‑cost, jets privés et fret aérien, chaque segment du secteur présente des dynamiques propres, mais converge vers un même impératif : réduire drastiquement les émissions pour préserver notre planète.
Quelles solutions pour réduire l’empreinte carbone de l’aviation ?
Réduire l’empreinte carbone du secteur aérien est un défi majeur, compte tenu de sa croissance continue et de sa dépendance aux énergies fossiles. Plusieurs leviers sont activés à différents niveaux — technologique, économique et réglementaire — pour limiter ses émissions de CO₂e.
Comment pérenniser et renforcer son entreprise par une trajectoire bas-carbone réussie.
🛢️ Carburants durables (SAF)
Les carburants d’aviation durables, ou SAF (Sustainable Aviation Fuels), sont l’une des pistes les plus prometteuses pour réduire l’empreinte carbone de l’aviation. Produits à partir de biocarburants issus de biomasse, de déchets ou par synthèse à partir d’hydrogène vert et de CO₂e capté, ils offrent une alternative au kérosène fossile.
En 2023, les SAF ne représentaient que 0,3 % de la production mondiale de carburant pour l’aviation. Leur disponibilité reste donc très limitée face à la forte consommation énergétique utilisée par les avions.
Deux générations, deux poids carbone :
- Les SAF de 1ère génération, issus de cultures agricoles, peuvent paradoxalement émettre autant voire plus de CO₂e que le kérosène (jusqu’à 1,5 fois plus) en tenant compte du cycle de production.
- En revanche, les SAF de 2e génération, produits à partir de résidus ou de déchets, permettent de réduire les émissions de 20 % à 80 % selon les procédés utilisés.
Leur prix reste un obstacle majeur :
- Environ 1 à 1,5 $/litre pour les SAF produits via la technologie HEFA,
- Contre environ 0,5 $/litre pour du kérosène classique (avec un baril à plus de 80 $).
Le plan ReFuelEU Aviation, adopté par l’Union européenne, impose une montée en puissance :
- 2 % du kérosène doit être durable d’ici 2025,
- tendant vers 70 % en 2050.
💶 Fiscalité carbone
Le secteur aérien européen est intégré au Système d’échange de quotas d’émission de l’UE (EU ETS), qui oblige les organisations à acheter des droits d’émission pour compenser leurs rejets de CO₂e.
Problème ?
Le Système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (EU ETS) s’applique actuellement aux émissions de CO₂e des vols opérés à l’intérieur de l’Espace économique européen (EEE), c’est-à-dire les vols intra-européens. Les vols internationaux au départ ou à destination de l’UE ne sont pas couverts par ce système, ce qui limite son efficacité dans la réduction globale des émissions du secteur aérien.
En 2023, Air France n’a payé que 46 millions d’euros dans le cadre du système européen d’échange de quotas d’émission (EU ETS). Pourtant, si l’ensemble de ses vols au départ de l’Europe avait été soumis à une tarification carbone, la facture aurait atteint près de 700 millions d’euros.
Ce décalage met en lumière les failles du marché carbone européen. Qu’il s’agisse d’organisations aériennes traditionnelles comme Air France ou de transporteurs low cost, le principe pollueur-payeur reste mal appliqué.
La révision du SCEQE (Système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne) dans le secteur de l’aviation vise à garantir que le secteur aéronautique contribue aux objectifs climatiques de l’U.E. En supprimant progressivement les quotas gratuits et en appliquant le facteur de réduction linéaire renforcé à l’aviation.
🌍 Régulation internationale
Lancé par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation) est le premier mécanisme mondial destiné à compenser les émissions de CO₂e des vols internationaux.
- Objectif : stabiliser les émissions au niveau de 2020.
- Fonctionnement : les compagnies doivent compenser les émissions excédentaires via l’achat de crédits carbone certifiés (reforestation, projets d’énergie renouvelable, etc.).
Le régime CORSIA comporte trois phases et s’achève en 2035

- Limites :
- Vols domestiques non couverts ;
- Participation toujours volontaire avant 2027 ;
- Doutes sur l’efficacité et la qualité de certains crédits carbone.
✈️ Réduction du recours à l’avion
Au-delà des mesures techniques et économiques, réduire la demande en vols aériens reste une stratégie puissante mais politiquement sensible. Elle repose sur plusieurs leviers :
- Substitution par le train sur les trajets courts
- Réduire les déplacements professionnels grâce aux outils numériques (visioconférences, réunions à distance).
- Sensibilisation des voyageurs sur l’impact climatique du transport aérien
Cette sobriété dans les usages, parfois appelée “sobriété aérienne”, complète les efforts technologiques. Elle est indispensable pour contenir la croissance des émissions dans un secteur où chaque gain technologique reste, pour l’instant, limité par la hausse de la demande.
Dans un contexte où la pollution de l’air liée au transport maritime contribue non seulement aux GES mais aussi à l’émission de particules fines, chaque acteur de l’industrie doit repenser son modèle.
- Le carburant représente en moyenne 50 à 60 % des coûts d’exploitation d’un navire
- La moindre consommation réduit donc directement les charges financières.
En France comme ailleurs, la pression réglementaire et sociétale s’intensifie pour accélérer la transition énergétique. Utiliser l’énergie de manière plus efficiente devient un impératif économique, mais aussi une opportunité stratégique.
De plus, anticiper les futures taxes carbone (comme le projet de taxe maritime de l’UE prévu pour 2026) ainsi que les quotas imposés par le marché carbone européen (ETS) du transport maritime, permet d’éviter de lourdes pénalités économiques.
Le secteur aérien international est confronté à un défi majeur : réduire son impact sur le climat tout en répondant à une demande croissante de trafic. Les biocarburants offrent une alternative prometteuse. Cependant, ils ne suffisent pas à compenser la hausse de la consommation énergétique liée à l’augmentation du nombre de vols. De plus, leur production soulève des questions quant à la durabilité des ressources utilisées et à la concurrence avec d’autres besoins énergétiques mondiaux.
Pour accélérer la transition, il est essentiel de pouvoir s’appuyer sur des outils fiables, accessibles et tournés vers l’action.
C’est précisément l’ambition de GCI, à travers sa plateforme SaaS dédiée à la mesure, au suivi et à la réduction des émissions de CO₂e. Grâce à son expertise et des données de haute précision, GCI permet aux diverses structures de :
- Mesurer avec rigueur leur impact carbone,
- Identifier les leviers concrets de réduction,
- Piloter leur stratégie climat de manière proactive,
- Compenser les émissions résiduelles
🌱 Dans un monde où la responsabilité environnementale devient un standard, GCI se positionne comme un partenaire clé pour engager une aviation plus responsable, alignée avec les limites planétaires et les attentes sociétales.
Sources
- https://www.senat.fr/rap/r23-650/r23-6507.html
- Idée reçue : l’aviation représente moins de 3 % des émissions de gaz à effet de serre
- Croissance record du trafic de fret aérien en 2024
- Les émissions gazeuses liées au trafic aérien | Ministères Aménagement du territoire Transition écologique
- https://www.transportenvironment.org/te-france/articles/emissions-aviation-en-2023-inquietant-rebond-compagnies-low-cost
- https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/11/14/les-jets-prives-utilises-comme-des-taxis-ont-quasi-double-leurs-emissions-carbone-en-cinq-ans_6392797_3244.html
- https://wwws.airfrance.gp/information/developpement-durable/carburants-aviation-durables
- https://www.boursorama.com/bourse/actualites/zoom-sur-le-developpement-des-carburants-d-aviation-durable-les-saf-54ab667410b9f49471f5b7c57441a802