Émissions de CO2 par mode de transport : comment les entreprises peuvent réduire leur impact ?
Les entreprises ont leur rôle à jouer dans la résolution de cette problématique. Leurs choix en matière de transport – qu’il s’agisse de flottes de véhicules, de trajets aériens, ou de moyens de livraison – déterminent une part significative de leurs émissions de carbone. Pour autant, la transition vers des pratiques plus durables ne signifie pas sacrifier la performance ou la compétitivité. Bien au contraire : optimiser ses transports peut entraîner des économies financières, répondre aux attentes des consommateurs, et améliorer l’image de marque.
Aujourd’hui, les sociétés sont confrontées à un double défi : réduire leur empreinte environnementale tout en maintenant un haut niveau d’efficacité opérationnelle. Cet enjeu est d’autant plus important que les réglementations se durcissent, comme avec la taxe carbone aux frontières (MACF) ou les zones à faibles émissions (ZFE) mises en place dans de nombreuses villes européennes.
Dans cet article, nous explorerons les moyens de déplacements les plus émetteurs, les facteurs qui influencent les émissions liées aux activités des sociétés, et surtout, les solutions concrètes pour réduire le bilan environnemental de leurs opérations. Car si le transport est une source d’émissions importante, il est aussi un levier stratégique pour une transition écologique réussie.
Que ce soit pour un Paris-New York en avion, un déplacement en voiture dans une grande ville comme Marseille, ou la livraison d’un colis sur le dernier km, chaque choix compte. Il est temps pour les organisations de repenser leurs habitudes pour conjuguer performance et responsabilité climatique.
1.1. Les déplacements professionnels : un enjeu sous-estimé
1.2. La logistique et le fret : une source massive d’émissions
1.3. Le transport local et le dernier kilomètre : un défi pour les villes
2. Facteurs influençant les émissions liées aux activités des entreprises
2.1. Distance parcourue et fréquence des trajets : un multiplicateur d’émissions
2.2. Moyens de transport choisis : un impact très variable
2.3. Optimisation logistique et organisation interne : un levier sous-exploité
3. Comment les entreprises peuvent réduire leurs émissions de CO2 liées aux transports ?
3.1. Optimiser les déplacements professionnels
3.2. Réduire l’impact des flottes d’entreprise
3.3. Améliorer la logistique et le transport des marchandises
3.4. Sensibiliser les collaborateurs et impliquer les parties prenantes
Quels sont les modes de transport les plus émetteurs en entreprise ?
🚗 Les déplacements professionnels : un enjeu sous-estimé
Les déplacements professionnels représentent une part importante des émissions de gaz à effet de serre (GES) des entreprises en France, souvent sous-évaluée. Parmi les principaux types de déplacement utilisés :
- 🚙 La voiture de fonction : Ce mode est largement dominant dans les organisations françaises, notamment pour les courts et moyens déplacements. Les voitures émettent à peu près 2,28 kg de CO2 par litre de carburant consommé. À titre d’exemple, un aller-retour en voiture entre Paris et Marseille peut générer près de 150 kg de CO2, soit l’équivalent de ce qui émet annuellement un petit appartement en termes d’énergies. Pour réduire cette empreinte, certaines sociétés commencent à introduire des flottes de véhicules électriques, mais leur adoption reste encore limitée.
- ✈️ L’avion : Ce moyen de transport est extrêmement polluant, surtout pour les courts déplacements, où les phases de décollage et d’atterrissage sont les plus énergivores. Par exemple, un vol aller-retour entre Paris et Marseille (776km) émet environ 171 kg CO2e par personne, soit 20 fois plus que le même parcours effectué en TGV.
Pourtant, l’avion est souvent privilégié pour des raisons de rapidité. Une solution consiste à promouvoir l’utilisation de la voie ferrée pour les déplacements nationaux ou européens, comme entre Paris et Bruxelles, où le temps de voyage en TGV est similaire à celui en avion lorsqu’on inclut les temps d’attente sans parler de la possibilité de sereinement travailler dans un train alors que cela est difficilement envisageable dans un avion.
- 🚆 Le train : C’est l’un des moyens de déplacement les plus vertueux sur le plan environnemental. En France, un voyage en TGV génère seulement 1,73 g de CO2 par km par passager, grâce à l’utilisation d’une électricité majoritairement décarbonée. Malgré ce faible bilan, les sociétés l’utilisent encore peu pour les déplacements professionnels, en raison d’habitudes ancrées ou d’un manque de planification adaptée.
En 2021, les émission carbone du secteur des transports en France représentent 30 % du total national, soit 126 MtCO2eq. Les parcours en voie ferrées représentent moins de 1 % des émissions de CO2, pour 10 % du transport des marchandises et voyageurs en France.
D’après la SNCF, qui compare son offre à d’autres moyens de transport TGV ou Intercités reste l’option la moins polluante, et présente en plus l’avantage d’être un moyen de transport collectif, ce qui le rend idéal pour les déplacements professionnels (facilité de réservation et d’organisation, gain de temps comparé à l’avion ou au covoiturage).
📦 La logistique et le fret : une source massive d’émissions
Pour les organisations opérant dans le commerce ou l’industrie, la logistique et le transport de marchandises constituent un poste clé des émissions de GES. Les principaux types concernés sont :
🚛 Les camions et utilitaires :
- En Europe, selon les statistiques environ 75% des marchandises sont transportées par route, ce qui en fait une source majeure d’émissions de GES.
🚢 Le transport maritime :
- Le transport maritime est l’un des moyens les moins émetteurs par tonne.kilomètre (t.km), avec une moyenne autour de 3 g de CO2 par t.km pour un porte-conteneurs. Toutefois, le volume massif transporté et les longues distances parcourues font que le maritime contribue significativement aux émissions de GES.
- Lors d’un voyage entre l’Asie et l’Europe, les émissions d’un porte-conteneurs sont très élevées en raison des millions de tonnes transportées, même si chaque unité prise individuellement reste très efficace.
🛫 Le transport aérien de marchandises :
- Le transport aérien est le mode de transport le plus émetteur par t.km. Un avion-cargo émet environ 10 à 40 grammes de CO₂ par km, selon les statistiques. L’usage de l’avion est principalement réservé aux produits de grande valeur ou aux livraisons nécessitant des délais rapides. Cependant, prix exorbitant incite les organisations à explorer des alternatives plus durables, comme une combinaison de fret maritime ou ferroviaire et de solutions locales faibles en émissions pour le dernier kilomètre.
🚌 Le transport local et le dernier kilomètre : un défi pour les villes
La livraison du dernier km, notamment en milieu urbain, est devenue un enjeu majeur avec l’essor de l’e-commerce. Les camions et utilitaires circulant dans les zones denses contribuent fortement à la pollution locale et au poids carbone des structures.
- Conséquence environnementale : Les émissions d’un utilitaire léger diesel varient selon le modèle, la charge et les conditions de conduite. En moyenne, elles se situent entre 180 et 200 g de CO₂ par Km dans des conditions typiques de livraison urbaine. Ces chiffres peuvent augmenter en fonction des embouteillages ou de cycles stop-and-go fréquents.
- 🚲 Des alternatives émergentes : Certaines sociétés adoptent des solutions plus durables, comme les vélos-cargos ou les véhicules électriques pour les livraisons urbaines. Par exemple, un vélo-cargo équipé pour la logistique n’émet aucun gaz à effet de serre pendant son utilisation et permet de réduire la pollution atmosphérique en centre-ville. À Paris, des initiatives telles que les hubs logistiques de proximité favorisent ces modes de livraison bas carbone
Les moyens de déplacement utilisés par les organisations, qu’ils concernent les déplacements professionnels, la logistique internationale, ou la livraison locale,sont des sources majeures d’émissions de gaz à effet de serre.
Cependant, chaque choix, de l’utilisation du train pour un déplacement professionnel à l’adoption de véhicules électriques pour le dernier km, peut réduire significativement ce bilan. Il est donc essentiel de repenser ces pratiques pour allier efficacité et responsabilité climatique.
Facteurs influençant les émissions liées aux activités des entreprises
🚛 Distance parcourue et fréquence des trajets : un multiplicateur d’émissions
La conséquence des activités de transport est directement proportionnelle à la distance parcourue et à la fréquence des déplacements. Les structures dont les opérations nécessitent des déplacements réguliers ou de longue distance génèrent inévitablement une empreinte carbone élevée.
- 🛩️ Déplacements professionnels fréquents : Par exemple, un collaborateur effectuant un aller-retour mensuel en avion entre Paris et New York (environ 11 000 km) génère plus de 21288 KG CO2e. chaque année. À l’échelle d’une grande structure, cette habitude peut représenter des dizaines voire des centaines de tonnes de CO2. Solution : Encourager les réunions virtuelles ou regrouper les déplacements pour limiter leur fréquence.
- ⛴️ Logistique éloignée : Les organisations ayant des chaînes d’approvisionnement internationales voient leurs émissions exploser. Par exemple, importer des produits de Chine vers Marseille par voie maritime implique des milliers de km de parcours. Si cette distance est combinée à un transport routier pour la distribution locale, l’empreinte carbone augmente encore. Solution : Rechercher des fournisseurs locaux ou régionaux pour réduire les distances parcourues.
🚚 Moyens de transport choisis : un impact très variable
Tous les types de transport n’ont pas la même intensité carbone au kilomètre et le choix de l’un ou l’autre peut multiplier les émissions par 10, voire 50.
- Transport aérien vs transport maritime : Par exemple, expédier une tonne de marchandises par avion sur 1 000 km émet environ 1 054 kg de CO₂, tandis que le même déplacement par voie maritime ne génère que 20 kg de CO₂. Ce type de décision peut être crucial pour des sociétés de logistique opérant entre des hubs européens comme Paris et Berlin. Solution : Intégrer le fret ferroviaire ou maritime dans les chaînes d’approvisionnement lorsque les délais le permettent.
- Utilisation de véhicules thermiques : Une flotte composée uniquement de véhicules diesel ou essence peut générer jusqu’à 50 % plus d’émissions qu’une flotte hybride ou électrique. Par exemple, pour une entreprise qui gère un parc de 100 voitures parcourant à peu près 20 000 km par an, l’évolution vers des véhicules électriques pourrait réduire de plusieurs dizaines de tonnes ses émissions annuelles. Solution : Mettre en place un programme d’évolution progressive vers des véhicules à faibles émissions de GES.
📦 Optimisation logistique et organisation interne : un levier sous-exploité
Les chaînes d’approvisionnement et l’organisation des déplacements internes jouent un rôle clé dans les émissions générées par les organisations.
- Chaînes d’approvisionnement inefficaces : Une logistique mal optimisée, avec des déplacements à vide ou des itinéraires mal planifiés, engendre des émissions inutiles.
Solution : Investir dans des outils de gestion logistique performants pour optimiser les itinéraires et limiter les parcours inutiles.
- Mix énergétique : La répercussion des moyens de transport dépend également de la source d’énergie utilisée. En France, un train alimenté par l’énergie d’origine nucléaire ou renouvelable émet très peu de CO2, tandis qu’un train diesel ou un camion dans un pays où l’énergie provient majoritairement du charbon sera beaucoup plus polluant.
Solution : Collaborer avec des prestataires logistiques utilisant des flottes électriques ou un mix énergétique plus propre.
- Culture d’entreprise et habitudes de voyage : L’utilisation systématique de l’avion pour des réunions internes ou des déplacements courts reflète parfois un manque de réflexion stratégique. Par exemple, un parcours en avion entre Paris et Lyon émet 20 fois plus de CO2 qu’un parcours en TGV, mais reste souvent choisi pour des raisons de rapidité perçue.
Solution : Sensibiliser les collaborateurs à la répercussion de leurs choix et encourager les alternatives plus durables.
En résumé, les facteurs influençant les émissions de GES liées aux activités de transport des sociétés sont multiples : distance parcourue, types de transport utilisés, efficacité logistique et culture organisationnelle.
En prenant des décisions stratégiques, comme réduire les déplacements inutiles, privilégier des moyens de transport moins émetteurs et optimiser les chaînes d’approvisionnement, les structures peuvent agir de manière significative sur leur empreinte carbone tout en renforçant leur efficacité opérationnelle.
Comment les entreprises peuvent réduire leurs émissions de CO2 liées aux transports ?
🌱 Optimiser les déplacements professionnels
La baisse des émissions liées aux déplacements des collaborateurs passe par une révision des habitudes de voyage et une meilleure planification.
- Encourager le télétravail et les réunions en ligne : De nombreuses sociétés ont adopté ces pratiques, particulièrement depuis la crise sanitaire. Par exemple, remplacer un trajet en voiture entre Bruxelles et Paris génère environ 80 kg de CO2 pour une distance de 300 km.
Astuce : Mettre à disposition des outils de visioconférence performants et encourager leur utilisation par des formations à l’intérieur de l’entreprise.
- Privilégier les chemins de fer pour les déplacements nationaux et européens : Pour des voyages comme Paris-Londres, prendre l’Eurostar émet environ 6 kg de CO2 par passager, contre 140 kg en avion. Les structures peuvent établir une politique de voyage favorisant le rail pour les déplacements inférieurs à 4 heures. Exemple concret : Un bon exemple de société ayant réduit ses vols domestiques en faveur de moyens de transport plus écologiques est Microsoft. En 2020, la société a annoncé une baisse significative de ses voyages d’affaires, en partie en raison de la pandémie, mais surtout dans le cadre de son engagement à devenir “carbone négatif” d’ici 2030. Microsoft encourage ses collaborateurs à privilégier les réunions virtuelles ou les voyages en voie ferrée pour les courtes distances. Cela fait partie de leur stratégie globale pour limiter les émissions liées à leurs activités.
- Encourager le covoiturage et les abonnements aux transports en commun : Mettre en place des plateformes internes de covoiturage ou rembourser les abonnements aux réseaux de transport public peut réduire significativement les émissions. Par exemple, un déplacement quotidien en covoiturage entre Marseille et Aix-en-Provence permet de diviser par deux les émissions de CO2 par passager.
🚘 Réduire l’impact des flottes d’entreprise
Les flottes de véhicules représentent une part importante des émissions de GES pour de nombreuses sociétés. Des actions concrètes peuvent diminuer leur empreinte écologique.
- Transition vers des véhicules électriques ou hybrides : Substituer une flotte thermique par des véhicules électriques permet de réduire les émissions directes à zéro pendant l’utilisation. Exemple : La Poste en France a intégré près de 13 000 véhicules électriques dans sa flotte pour la livraison locale, réduisant ainsi drastiquement ses émissions.
- Formation à l’éco-conduite : Une conduite adaptée peut réduire la consommation de carburant de 10 à 15 %. Par exemple, une formation à l’écoconduite pour les chauffeurs de camions d’une organisation peut économiser 5 mégagrammes de CO2 par an pour une flotte de 50 véhicules.
- Utiliser des outils de suivi des émissions : Des plateformes de gestion permettent de surveiller les émissions de GES en temps réel et de planifier des stratégies de réduction. Par exemple, calculer les émissions d’une flotte de véhicules entre Lyon et Nice peut aider à identifier des itinéraires plus courts ou moins polluants.
🚚 Améliorer la logistique et le transport des marchandises
Les organisations peuvent aussi agir sur leurs chaînes d’approvisionnement pour réduire le bilan environnemental des livraisons et des transports de marchandises.
- Optimiser les itinéraires et éviter les parcours à vide : La planification des parcours est essentielle pour minimiser les distances parcourues et le carburant consommé.
- Favoriser des moyens de transport durables : Remplacer les camions diesel par des solutions électriques ou hybrides pour les courts déplacements, et privilégier le fret en chemin de fer ou maritime pour les longues distances.
- Adopter des solutions pour la livraison du dernier km : La livraison dans les centres-villes est un défi majeur en raison de la densité de la circulation et des émissions. Des sociétés comme La Poste investissent dans des flottes de vélos-cargos électriques, qui n’émettent aucun CO2 pendant leur utilisation et sont adaptés aux zones urbaines comme Paris ou Lyon.
🤝 Sensibiliser les collaborateurs et impliquer les parties prenantes
Une stratégie de réduction des émissions ne peut réussir sans un engagement global de la société et de ses parties prenantes.
- Engager les salariés : Organiser des campagnes de sensibilisation sur l’effet environnemental des déplacements peut encourager des comportements plus responsables. Par exemple, proposer un calculateur d’empreinte carbone pour les parcours domicile-travail permet aux employés de visualiser et de réduire leur bilan.
- Collaborer avec des partenaires responsables : Travailler avec des prestataires logistiques engagés dans une démarche durable (utilisation de flottes électriques, déplacements optimisés) peut réduire l’empreinte des chaînes d’approvisionnement.
- Mettre en place des outils de compensation carbone : Pour les émissions qui ne peuvent être évitées, les organisations peuvent investir dans des projets de reforestation ou d’énergies renouvelables.
Les structures disposent de nombreuses solutions concrètes pour réduire les émissions de CO2 liées à leurs activités de transport. Qu’il s’agisse d’optimiser les déplacements professionnels, d’ installer des flottes plus durables, ou d’améliorer les chaînes logistiques, chaque action contribue à la transition écologique.
Ces initiatives permettent non seulement de réduire le bilan environnemental, mais aussi de répondre aux attentes des clients, d’améliorer l’image de marque et de se conformer aux réglementations environnementales croissantes.
Réduire les émissions de CO2 liées aux transports est un enjeu majeur pour les organisations qui souhaitent s’inscrire dans une démarche responsable. En repensant les déplacements professionnels, en optimisant les chaînes logistiques, et en favorisant des solutions de mobilité durable, les sociétés peuvent non seulement diminuer leur empreinte carbone, mais également réaliser des économies significatives et améliorer leur image de marque.
Ces initiatives s’inscrivent dans une logique gagnant-gagnant : répondre aux attentes croissantes des clients et des partenaires en matière de durabilité, tout en respectant les nouvelles régulations environnementales, telles que les obligations de reporting des émissions de GES ou les taxes carbone en Europe.
GCI accompagne les sociétés dans cette transition en leur fournissant des outils pour mesurer, analyser et réduire leurs émissions de CO2. Grâce à des statistiques précises et des recommandations adaptées, nous aidons les sociétés à adopter des stratégies de mobilité plus durables et à atteindre leurs objectifs de décarbonation.
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