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Le GHG Protocol et le Scope 3 : Un défi clé pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre

GHG Protocol
Dans un monde de plus en plus conscient de l’impact des activités humaines sur le climat, le GHG Protocol (Greenhouse Gas Emissions Protocol, ou Protocole des gaz à effet de serre en français) se distingue comme un cadre essentiel pour la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Développé par le World Resources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) à la fin des années 1990, ce protocole est adopté par plus de 90% des entreprises du Fortune 500 en 2016, montrant son importance et sa portée mondiale.

Cet article explore le rôle fondamental du GHG Protocol dans la comptabilité carbone et le développement des bilans GES, et s’intéresse notamment au rôle du Scope 3, ses défis et l’importance cruciale de sa décarbonation.

1. Le GHG Protocol : un élément fondateur de la comptabilité carbone

1.1. D’où vient le GHG Protocol ?

1.2. Les Trois Scopes d’émissions

1.3. Adoption et influence globale

2. La polémique du Scope 3

2.1. Une flexibilité controversée

2.2. L’importance cruciale du Scope 3

2.2. Les défis de la décarbonation du Scope 3

3. Pourquoi décarboner son Scope 3 ?

3.1. Réduction de l’empreinte carbone

3.2. Répondre aux attentes des parties prenantes

3.3. Anticiper les réglementations futures

3.3. Avantages économiques

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Le GHG Protocol : un élément fondateur de la comptabilité carbone

📜D’où vient le GHG Protocol ?

Le GHG Protocol a été conçu dans les années 1990 en réponse à la nécessité croissante d’un cadre standardisé pour mesurer et gérer les émissions de GES. À cette époque, les entreprises et les gouvernements cherchaient des moyens de répondre efficacement aux préoccupations croissantes concernant le changement climatique.

Le WRI, un think-tank américain créé en 1982 et se consacrant aux questions environnementales, et le WBCSD, une coalition de 130 entreprises, créée en 1995, liées par un engagement commun envers le développement durable, ont collaboré pour développer un protocole qui aiderait les entreprises, collectivités et gouvernements à mesurer et catégoriser leurs émissions. En d’autres termes, à réaliser un bilan des émissions de GES, soit une évaluation systématique des émissions de GES d’une organisation sur un an.

Le GHG Protocol a aussi pour but d’aider ces organisations dans le reporting de ces émissions. La première version du “GHG Protocol Corporate Accounting and Reporting Standard”, soit le GHG Protocol pour les entreprises, est publiée en 2001, et est régulièrement mise à jour.

D’autres standards se sont développés depuis, et parmi eux :

  • Le “GHG Protocol for Cities” (pour les villes)
  • Le “Product Standard” (pour estimer les émissions au cours du cycle de vie d’un produit)
  • Le “Corporate Value Chain (Scope 3) Standard” (pour estimer les émissions du Scope 3).

📊Les trois Scopes d’émissions

Le GHG Protocol définit en effet trois scopes d’émissions de GES, qui offrent un cadre structuré pour comprendre et catégoriser les émissions dans le bilan, et ainsi identifier des leviers d’action de réduction de ces émissions.

  • Scope 1 : Émissions Directes
    Les émissions directes proviennent de sources possédées ou contrôlées par l’entreprise, telles que les émissions des installations industrielles et des véhicules de l’entreprise. Cela inclut les combustions stationnaires (par exemple, les chaudières et les fours) et mobiles (par exemple, les camions et les voitures de société).
  • Scope 2 : Émissions Indirectes liées à l’énergie
    Le Scope 2 regroupe les émissions indirectes associées à la consommation d’énergie achetée, comme l’électricité, la chaleur ou la vapeur. Bien que l’entreprise ne génère pas directement ces émissions, elle en est responsable car elle consomme l’énergie produite par d’autres.
  • Scope 3 : Autres Émissions Indirectes
    Ce scope inclut toutes les autres émissions indirectes qui se produisent dans la chaîne de valeur de l’entreprise. Cela comprend les émissions liées à l’achat de biens et de services, les déplacements des employés, des marchandises et des visiteurs, l’utilisation des produits vendus, le traitement des déchets, etc.
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🌟Adoption et influence globale

Depuis sa création, le GHG Protocol est devenu un standard majeur de la comptabilisation des émissions de GES. En 2016, plus de 90% des entreprises Fortune 500 utilisaient le GHG Protocol pour mesurer et gérer leurs émissions de GES, soulignant son rôle central dans la gestion environnementale des entreprises. Aujourd’hui, 9 entreprises sur 10 du Fortune 500 utilisent le GHG Protocol.

De nombreuses autres normes et cadres de comptabilité carbone, tels que la norme ISO 14064-1 et les recommandations de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD), se sont basées sur la méthodologie et les principes du GHG Protocol.

La Polémique du Scope 3

🚨Une flexibilité controversée

Bien que largement adopté par les entreprises et organisations à l’international, le GHG Protocol est toujours l’objet d’une polémique en particulier : si la comptabilisation du Scope 3 est fortement encouragée, elle n’est pas obligatoire. 

Cette flexibilité pourrait être perçue comme une tentative d’incitation plutôt qu’une contrainte stricte, permettant aux entreprises de s’engager progressivement dans la comptabilisation de leurs émissions indirectes.

Cependant, cette flexibilité suscite également des critiques. De nombreuses parties prenantes estiment que sans obligation de comptabiliser les émissions de Scope 3, les entreprises peuvent négliger une part significative de leur bilan. En effet, le Scope 3 représente souvent entre 70% et 80% du bilan d’une entreprise.

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❗L’importance cruciale du Scope 3

Ignorer le Scope 3 peut donc s’avérer problématique, puisqu’il représente une part majeure du bilan. Par conséquent, même si une entreprise est ambitieuse dans la réduction de ses émissions de Scope 1 et 2, cela ne suffit pas pour réduire de manière significative son empreinte carbone globale. Le Carbon Disclosure Project (CDP) estime que les émissions de Scope 3 sont 5,5 fois plus importantes que les émissions de scope 1 et 2. Pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux, il est indispensable de prendre en compte et de réduire les émissions de Scope 3.

Les entreprises qui négligent le Scope 3 risquent de sous-estimer leur véritable impact environnemental et de ne pas répondre aux attentes croissantes des investisseurs, des consommateurs et des régulateurs. Dans un contexte où la transparence et la responsabilité environnementale deviennent des critères clés de performance, il est crucial de considérer l’ensemble des émissions générées tout au long de la chaîne de valeur.

✊Les défis de la décarbonation du Scope 3

Décarboner son Scope 3 implique de nombreux défis. Parmi eux, le manque de contrôle direct sur les activités de leurs fournisseurs, et la qualité des données et facteurs d’émissions utilisés sont deux des plus importants.

Les entreprises doivent en effet collaborer avec une multitude de partenaires tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Cela pose des problèmes :

  • De maturité fournisseur sur le sujet. Tous n’ont pas la même maturité, et ne sauront pas répondre aux questions posées.
  • De confidentialité des données. Certains fournisseurs peuvent ne pas vouloir transmettre certaines données nécessaires au calcul de leurs émissions à leurs clients.
  • De temps et ressources nécessaires à la collecte des données.
  • D’identification des fournisseurs les plus émissifs, sur des centaines, voire des milliers de références.

Ces facteurs compliquent une collecte de données précises et fiables, et de nombreuses entreprises doivent s’appuyer sur des estimations et des hypothèses pour évaluer leurs émissions de Scope 3, ce qui peut introduire des incertitudes et des variations parfois importantes dans les résultats.

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Pourquoi décarboner son Scope 3 ?

Malgré les difficultés dans la décarbonation de son scope 3, il est vital de s’y atteler, et le GHG Protocol l’a également compris. Il a d’ailleurs publié un guide dédié à la comptabilisation et au reporting des émissions du Scope 3, en 2011.

📉Réduction de l’empreinte carbone

Réduire les émissions de Scope 3 peut avoir un impact significatif sur l’empreinte carbone totale d’une entreprise, contribuant ainsi de manière plus substantielle à la lutte contre le changement climatique.

En prenant en compte toutes les émissions générées tout au long de la chaîne de valeur, les entreprises peuvent identifier des opportunités de réduction des émissions qui auraient autrement été négligées. Cette approche globale permet de maximiser l’impact des efforts de décarbonation et de contribuer de manière plus efficace aux objectifs climatiques mondiaux.

🧑‍💼Répondre aux attentes des parties prenantes

Les investisseurs, les clients et les régulateurs sont de plus en plus attentifs aux émissions de GES des organisations. S’atteler à décarboner son scope 3 peut permettre des réductions plus ou moins importantes, et prouve une maturité sur le sujet et un engagement éclairé, qui ne peut qu’avoir des effets positifs sur l’image de marque, et la confiance des parties prenantes.

Par exemple, les investisseurs institutionnels intègrent de plus en plus les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs décisions d’investissement, et les organisations qui démontrent un engagement fort envers la réduction des émissions de Scope 3 peuvent attirer des investissements supplémentaires.

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📃Anticiper les réglementations futures

Alors que les régulations environnementales deviennent de plus en plus strictes, les entreprises qui commencent à décarboner leur Scope 3 dès maintenant seront mieux préparées à se conformer aux futures exigences légales.

De nombreux gouvernements à travers le monde adoptent des politiques de plus en plus ambitieuses pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, et il est probable que les régulations sur les émissions de GES continueront de se renforcer. La prise en compte du Scope 3 est par exemple obligatoire en France depuis juillet 2022, et la CSRD est entrée en vigueur en Europe en Janvier 2024, obligeant un grand nombre d’entreprises à divulguer des données sur leur impact environnemental, social et de gouvernance.

En anticipant ces régulations, des coûts et perturbations associés à une mise en conformité tardive peuvent être évités. Des mesures proactives pour réduire ses émissions de Scope 3 prouvent également un engagement, et une volonté de contribuer à la lutte contre le changement climatique.

💲Avantages économiques

A moyen-long terme, au vu de l’évolution des réglementations et des attentes des consommateurs, clients et investisseurs, ne pas migrer vers des critères bas-carbone dans sa chaîne de valeur aura plus de chances d’être pénalisant, que valorisé, en termes financier.

Pour pérenniser son entreprise et réduire les risques associés à une dépendance aux énergies fossiles, décarboner son scope 3 semble indispensable.

 

La décarbonation du Scope 3 est donc essentielle pour atteindre les objectifs climatiques globaux et pour assurer un avenir durable. S’engager dans cette voie montre la voie vers une économie à plus faible émission de carbone, et ce leadership sera crucial pour inspirer et mobiliser d’autres acteurs à travers le monde.

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