Comment la CSRD redéfinit la stratégie Bas Carbone des entreprises ?
La transition environnementale transforme profondément l’économie mondiale.
À mesure que les impacts du changement climatique se font sentir et que les ressources fossiles s’amenuisent, les organisations doivent non seulement mesurer leur empreinte carbone, mais aussi revoir profondément leurs modèles d’affaires.
Face à cette situation, les nouvelles directives européennes, telles que la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), redéfinissent les règles du jeu, imposent aux entreprises et aux investisseurs des obligations strictes pour réévaluer leurs pratiques et modèles économiques.
Ces cadres législatifs sont venus non seulement renforcer la responsabilité environnementale, mais aussi transformer le carbone en un critère stratégique de viabilité économique.
Le bilan d’émission de gaz à effet de serre (BEGES) s’impose comme un outil central de cette transition, permettant aux organisations de mesurer et réduire leur impact environnemental.
L’intégration du critère carbone ne se limite plus à un simple impératif de conformité. Aujourd’hui, elle devient un indicateur clé de viabilité économique à long terme, renforçant les normes de transparence et de durabilité que les entreprises doivent respecter.
Dans ce contexte, les organisations capables de piloter efficacement leur trajectoire bas carbone y trouveront un levier essentiel pour maintenir leur compétitivité.
Dès lors, comment ces nouvelles obligations et outils façonnent-ils la stratégie des entreprises vers une économie durable et résiliente ?
1. Faire son bilan carbone, prendre conscience de ses dépendances aux énergies fossiles
1.1. Le BEGES : un outil essentiel pour prendre conscience de ses dépendances
1.2. L’impact économique de la réduction des ressources fossiles
2. Les nouvelles directives européennes CSRD et SFDR
2.1. La CSRD : Vers une transparence accrue pour toutes les organisations
2.2. La SFDR : Pour une transparence accrue dans le secteur financier
3. Le carbone, un critère de viabilité économique et un outil de compétitivité
3.1. Le carbone comme critère stratégique pour les organisations
3.2. Piloter votre trajectoire bas carbone et améliorer votre compétitivité carbone grâce à GCI
Faire son bilan carbone, prendre conscience de ses dépendances aux énergies fossiles ?
Les nouvelles exigences européennes imposent aux organisations de repenser leur modèle énergétique et de publier des rapports détaillés sur leur empreinte carbone. À travers le bilan carbone, les entreprises prennent conscience de leur dépendance aux énergies fossiles, un premier pas essentiel pour répondre aux obligations de transparence imposées par les réglementations en vigueur.
📈Le BEGES, un outil essentiel pour prendre conscience de ses dépendances
Réaliser un BEGES est bien plus qu’un exercice de mesure, il deviendra à l’avenir une obligation légale à laquelle les sociétés devront s’y conformer, dans le cadre des nouvelles directives européennes et des normes environnementales imposées.
Ces directives, telles que la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), exigent des entreprises qu’elles publient des rapports détaillés sur leurs émissions de carbone, les incitant ainsi à mieux structurer et adapter leur stratégie de durabilité tout en renforçant leur compétitivité carbone.
Cette démarche aide les organisations à comprendre l’ampleur de leur dépendance aux énergies fossiles. En identifiant les sources d’émissions directes et indirectes, le BEGES met en lumière les activités d’une entreprise qui reposent le plus sur les combustibles fossiles, encourageant ainsi une prise de conscience globale sur les leviers de décarbonation à activer, en particulier face aux normes de réduction des émissions à respecter dans les prochaines années.
Les entreprises concernées par ces publications doivent non seulement mesurer leur empreinte carbone, mais également se conformer aux nouvelles règles de transparence, qui obligent à la mise en œuvre de plans de réduction des émissions à long terme.
Pour de nombreuses entreprises, les résultats sont révélateurs : selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), sur le mix énergétique mondial, la part des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) est restée autour de 80 % pendant des décennies et commence seulement à diminuer.
Ce pourcentage demeure élevé dans des secteurs comme l’industrie lourde, le transport, et la fabrication où le taux d’émissions des Gaz à Effet de Serre (GES) est significatif. Les entreprises de ces secteurs sont donc particulièrement concernées par les directives en vigueur et doivent non seulement publier des rapports, mais également démontrer leur conformité par des actions concrètes et vérifiables.
Avec les obligations accrues en matière de publication et de reporting durable, les sociétés doivent présenter des données fiables et vérifiables pour attester de leur engagement environnemental et de leur conformité. Ces rapports enrichissent l’entreprise en lui conférant une dimension éthique qui répond aux attentes croissantes du marché et des investisseurs.
En outre, ils permettent aux organisations de structurer leur stratégie climatique de manière précise, en adoptant une vision long terme pour atteindre leurs objectifs environnementaux et se conformer aux normes imposées par les nouvelles régulations.
📉L’impact économique de la réduction des ressources fossiles
Par ailleurs, un effet négatif serait l’augmentation inévitable des coûts des combustibles fossiles pour l’entreprise. Le traité de l’Accord de Paris, entré en vigueur en 2016, incite déjà à repenser notre consommation d’énergies fossiles, en fixant comme objectif la neutralité carbone d’ici 2050.
Cette transition est renforcée par les obligations réglementaires et fiscales visant à réduire les émissions. Les informations disponibles indiquent que la baisse, par exemple, attendue de la production de pétrole, tout pétrole confondu, prévue aux alentours de 2035, exacerbera cette tendance.
Pour les organisations fortement dépendantes de ces ressources, cela signifie des intrants de plus en plus coûteux et des marges de manœuvre économiques réduites. Obligeant ces entreprises à revoir leur modèle pour s’adapter à un contexte énergétique plus contraignant.
➡️Coûts croissants des énergies fossiles
Selon le Ministère de la Transition Énergétique, les prix du pétrole et du gaz naturel ont été extrêmement volatils au 1er semestre 2022, liés à la tension géopolitique engendrée par la guerre en Ukraine.
“Le cours du Brent s’établit à 95,8 euros le baril (100,8 $), en hausse de 60 % par rapport à 2021”.
“Les prix spot du gaz sur les marchés européens sont très volatils : ils ont bondi après l’invasion de l’Ukraine fin février 2022 et ont culminé en août après l’annonce de Gazprom d’interrompre les livraisons de gaz gazeux. Le prix spot en France (PEG) s’élève à 98,6 €/MWh en moyenne en 2022.”
➡️Risque économique pour les entreprises dépendantes
En Europe, le système d’échange de quotas d’émission de l’UE (EU-ETS) a vu les prix du carbone dépasser les 90 euros la tonne en 2022. Avec des projections de hausse constante, cela pourrait signifier un coût supplémentaire important pour les industries à forte intensité carbone, notamment les organisations énergétiques et manufacturières.
➡️Baisse des investissements dans les combustibles fossiles
Dans son rapport « Net Zero by 2050 », l’AIE prévoit une réduction de 2% par an de la demande de pétrole et de gaz d’ici 2050 . Quant à la demande de charbon, elle devrait baisser de 50% dans la décennie.
♾️Cette réduction induit directement une baisse concernant les investissements dans les énergies fossiles. Cela est d’autant plus encouragé dans l’UE selon un rapport de l’IAE, par “le déploiement accéléré des énergies renouvelables et des améliorations de la performance énergétique.”
Engageant un investissement massif dans les énergies renouvelables (plus de 2 000 milliards de dollars annuels d’ici 2030, selon l’AIE) et rendra les énergies fossiles plus coûteuses pour les entreprises qui y sont encore fortement liées.
La transition pourrait réduire le capital disponible pour les projets liés aux énergies fossiles, augmentant encore les coûts pour les industries qui n’ont pas encore diversifié leurs sources d’énergie.
Ces données soulignent l’urgence pour les sociétés de se préparer à une hausse structurelle des coûts liés aux combustibles fossiles, qui pourrait rapidement réduire leurs marges et limiter leur compétitivité si elles ne diversifient pas leurs sources d’énergie.
♻️Ainsi pour renforcer la résilience économique face à ces transformations, une approche intégrée et systématique s’impose pour les entreprises :
- Utiliser des données fiables et une analyse approfondie des indicateurs environnementaux permet d’identifier les menaces liées à la dépendance aux énergies fossiles.
- La gestion des enjeux climatiques doit être intégrée au cœur de la stratégie de l’entreprise.
📄De plus, l’intégration d’objectifs de durabilité et d’indicateurs spécifiques favorise une meilleure préparation face aux hausses de coûts prévues. Le reporting de ces informations, en ligne avec des standards comme ceux de la CSRD, renforce la transparence et aide à consolider la confiance des parties prenantes dans les efforts de transition vers un modèle plus résilient et responsable.
Le suivi régulier au travers de reporting sur les émissions de gaz à effet de serre devient donc un levier essentiel pour anticiper ces risques économiques.
Les nouvelles directives européennes CSRD et SFD
🔎La CSRD : Vers une transparence accrue pour toutes les organisations
En vigueur dès 2024, la CSRD impose aux grandes entreprises, une publication régulière et transparente des rapports de durabilité. Cette directive élargit son champ d’application aux PME, qui devront également se conformer à ces nouvelles normes de reporting.
Pour les aider à se conformer à la CSRD, les PME peuvent bénéficier de ressources et de programmes d’accompagnement.
Ce reporting doit être aligné sur les principes ESG (Environnement, Social, Gouvernance) et vise à accroître la transparence des entreprises vis-à-vis de leurs pratiques dans ces domaines.
La CSRD remplace la précédente NFRD (Non-Financial Reporting Directive), en élargissant son champ d’application : le nombre d’entreprises européennes concernées passe de 11 700 à plus 50 000 sociétés. Ces dernières doivent désormais fournir des informations sur leurs impacts environnementaux, sociaux, et sur la façon dont elles gèrent leurs risques liés à la durabilité, entre autres par la réalisation d’un BEGES.
Cette publication des données est essentielle pour garantir la responsabilité des entreprises européennes et leur engagement vers une transition durable, tout en assurant un rapport clair sur leurs pratiques.
L’objectif de la CSRD est aussi de permettre une meilleure comparaison des émissions de gaz à effet de serre, favorisant la prise de décision des investisseurs et la responsabilité des organisations. En effet, ces informations seront publiques et standardisées, facilitant l’analyse par les parties prenantes. Les rapports devront inclure, notamment, les émissions de gaz à effet de serre, comprenant les scopes 1, 2 et 3, ainsi que les impacts sur la biodiversité et les ressources naturelles.
Cette directive permet également pour les entreprises de se conformer à des standards communs, comme l’ISO 14064 pour le reporting GES, augmentant ainsi leur crédibilité aux yeux des parties prenantes.
Enfin, l’analyse de ces indicateurs permet aux organisations d’agir efficacement en ciblant les axes d’améliorations, permettant la mise en place de solutions soutenables et durables.
🔎La SFDR : Pour une transparence accrue dans le secteur financier
La directive SFDR vise spécifiquement les institutions financières en imposant des exigences de transparence sur l’impact ESG de leurs investissements. Depuis mars 2021, les fonds doivent classer leurs produits en fonction de leur niveau de durabilité (articles 6, 8, ou 9, selon leur degré d’engagement dans la durabilité).
Produit
Exigences de transparence
Article 6
STANDARD : Cette catégorie s’applique aux produits financiers qui n’ont pas d’objectif de durabilité spécifique et qui ne promeuvent pas des caractéristiques environnementales ou sociales. Ces derniers doivent indiquer si les risques liés à la durabilité peuvent affecter leur rendement, et préciser s’ils intègrent des critères ESG, même sans but explicite de durabilité.
Article 8
VERTS CLAIRS : Cette catégorie inclut les produits qui promeuvent certaines caractéristiques environnementales ou sociales, mais qui n’ont pas pour objectif principal l’investissement durable. Par exemple, un fonds qui applique des filtres ESG ou qui investit dans des secteurs spécifiques (énergies renouvelables, technologies vertes) est classé sous l’article 8.
Les gestionnaires doivent détailler les caractéristiques durables promues et la manière dont celles-ci sont intégrées dans le processus d’investissement.
Article 9
VERTS FONCÉS ou D’IMPACT : Les produits sous l’article 9 sont ceux qui poursuivent un objectif d’investissement durable. Ils investissent dans des activités générant des impacts positifs mesurables, tels que l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU.
Cette classification permet aux investisseurs de mieux comprendre l’engagement durable des produits d’investissement et d’aligner leurs choix avec leurs objectifs Environnement, Social, Gouvernance personnels et institutionnels.
En 2023, ces règles se sont renforcées, avec un accent mis sur la réduction du greenwashing, pour garantir que les investissements déclarés “verts” répondent effectivement à des standards écologiques stricts.
Le carbone, un critère de viabilité économique et un outil de compétitivité
🎯Le carbone comme critère stratégique pour les organisations
Cette transparence accrue peut se transformer en avantage stratégique pour les sociétés. Une étude menée sur les enjeux des critères ESG menée par BPI France montre que les entreprises alignées sur des normes ESG rigoureuses voient généralement une augmentation du taux de rétention client et attirent davantage d’investissements.
En effet, selon une enquête ESG menée en 2023 par la BNP Paribas : “76% des investisseurs estiment que le changement climatique et la décarbonation sont des éléments assez importants pour influencer leur stratégie d’investissement.”
Autrement dit, les entreprises proactives sur ce plan bénéficient d’une meilleure fidélité de leur clientèle et d’une valorisation accrue sur le marché financier.
En choisissant des stratégies bas-carbone, les organisations limitent non seulement leur exposition aux hausses de coûts de l’énergie, mais renforcent également leur compétitivité en se positionnant en leaders de la transition environnementale.
💡Piloter votre trajectoire bas carbone et améliorer votre compétitivité carbone grâce à GCI
Pour faciliter cette transition, GCI vous accompagne à transformer ces défis climatiques en opportunités concrètes de croissance durable au travers de nos solutions Décarbon’Achat® et Décarbon’AO®
➡️ Décarbon’Achats® propose à vos fournisseurs de calculer gratuitement leur Product Carbon Footprint (PCF), ce qui améliore considérablement la qualité de vos données de Scope 3. Cette démarche permet une évaluation complète des émissions de GES, tout en facilitant votre gestion des achats plus durable et responsable, et en soutenant la publication de rapports environnementaux.
➡️ Décarbon’AO® intègre les objectifs de décarbonation directement dans vos appels d’offres, vous permettant de sélectionner les fournisseurs les moins carbo-émissifs. Cette approche renforce votre Compétitivité Carbone® et vous aide à répondre aux nouvelles exigences environnementales et réglementaires.
La transition vers un monde bas-carbone est plus qu’une nécessité environnementale, elle est devenue une exigence économique et réglementaire incontournable. Les entreprises doivent désormais anticiper la hausse structurelle des coûts des énergies fossiles et répondre aux exigences de transparence imposées par les directives européennes telles que la CSRD et la SFDR.
Le BEGES permet aux organisations de prendre conscience de leur dépendance aux énergies fossiles, d’identifier les leviers de décarbonation et d’adopter une stratégie énergétique durable.
En intégrant ces aspects dans leur modèle d’affaires, les entreprises peuvent non seulement réduire leur exposition aux fluctuations des prix de l’énergie, mais aussi se positionner comme leaders de la transition environnementale, renforçant ainsi leur compétitivité. L’alignement sur les principes ESG accroît leur attractivité auprès des investisseurs et favorise la fidélité de leurs clients.
Avec des outils comme Décarbon’Achats® et Décarbon’AO®, GCI accompagne les entreprises dans cette transition, en les aidant à réduire leur empreinte carbone et en améliorant la qualité de leur Scope 3, en particulier des achats. Transformer ces défis en opportunités concrètes est aujourd’hui essentiel pour assurer la viabilité économique des organisations, leur compétitivité et leur durabilité sur le long terme.
Le carbone n’est plus seulement un facteur de conformité, mais un véritable levier stratégique pour un développement durable.