Le rôle des facteurs d’émission dans un Bilan Carbone®.
Réaliser ce Bilan Carbone® permet en effet de quantifier son empreinte carbone, soit la quantité de gaz à effet de serre émis durant une année, à travers l’évaluation systématique des émissions de gaz à effet de serre d’une organisation sur un an. Une fois ces émissions quantifiées, l’organisation concernée peut ainsi identifier ses principales sources d’émissions, et mettre en place une stratégie de réduction de son empreinte carbone pertinente et efficace, en connaissance de cause. Cette stratégie permettra par exemple de réduire l’impact des entreprises sur le climat et l’environnement. Certaines entreprises peuvent bénéficier de subventions.
Un bilan d’émissions de gaz à effet de serre ne se fait pas à partir de mesures directes, comme la consommation d’électricité en kWh directement relevée au compteur. Il se fait à partir d’un calcul : la conversion de données d’activités (la consommation en kWh par exemple) en émissions de GES, par un facteur d’émission (FE).
Cet article se concentrera sur le rôle des FE dans un Bilan Carbone®.
1. Le facteur d’émission, un coefficient de conversion.
1.3. Un cas particulier : le PCF
1.4. “éq. CO2”, une unité comparative des GES.
2. Choisir un facteur d’émission
3. Comment trouver un facteur d’émission ?
Le facteur d’émission, un coefficient de conversion.
📊Les données d’activité
Commençons par définir une notion indispensable pour comprendre le FE : les données d’activités.
C’est une donnée décrivant l’activité d’une source d’émission d’une entreprise. Par exemple, les litres parcourus en diesel pour un déplacement professionnel, les kWh consommés d’électricité, la surface en m² de bureaux, le nombre d’écrans dans l’entreprise, le nombre de t.km (tonnes par kilomètres) parcourus par les transporteurs… L’unité dépend de la nature du poste considéré et de la catégorie (ou scope, selon la méthode utilisée) du bilan auquel il appartient.
Ces données d’activités indiquent l’usage fait du poste d’émission par l’organisation, comment elle l’utilise, ou combien elle en possède par exemple (selon l’unité considérée). Mais cela n’indique pas l’empreinte carbone (les émissions de gaz à effet de serre) produite par cette utilisation. C’est là qu’intervient le facteur d’émission.
✖️Un coefficient.
Le facteur d’émission est un coefficient qui ramène les données d’activités évoquées plus haut à leurs émissions effectives de gaz à effet de serre. Il donne l’empreinte carbone de ces données d’activités.
Il permet la conversion de ces données en équivalent CO2 (éq. CO2) par l’unité de la donnée d’activité considérée. Par exemple, le FE d’une imprimante est exprimé en kg éq. CO2/unité. Celui d’une imprimante jet d’encre est précisément de 88 kg éq.CO2/unité, selon la Base Empreinte® de l’ADEME. Dans le bilan GES d’une entreprise, cela se traduit par le fait que la détention d’une imprimante jet d’encre émet 88 kg éq. CO2, la détention de 2 imprimantes émet 88*2 = 176kg éq. CO2, et ainsi de suite.
Le FE de la consommation d’électricité est lui exprimé en kg eq.CO2/kWh, selon la Base Empreinte® de l’ADEME. L’unité change parce que la nature du poste change, on ne parle plus de biens achetés et détenus mais de consommation d’énergie. A titre d’exemple, le FE de la consommation d’électricité du mix moyen en France en 2022 est de 0,0520 kg éq.CO2/kWh.
A noter que les FE changent en fonction des régions du monde. Consommer de l’électricité en France n’a pas la même empreinte carbone que consommer de l’électricité au Japon ou aux Etats-Unis, dépendant du mix électrique des pays par exemple.
🔬Un cas particulier : le PCF
Il est intéressant de se pencher sur un type de FE particulier, le PCF : Product Carbon Footprint, ou le poids carbone d’un produit ou d’un service.
C’est un FE qui revient à une Analyse de cycle de vie (ACV) monocritère.
Une ACV évalue l’impact global sur l’environnement (sur la biodiversité, l’eau, les émissions de GES…) de produits ou de services fournis par une entreprise tout au long de leur cycle de vie, de la conception à la production, l’utilisation et la fin de vie. C’est une analyse multicritère.
Un PCF est une ACV monocritère, ce critère étant les émissions de gaz à effet de serre, ou son empreinte carbone. Il évalue les émissions de GES du produit ou du service à chaque étape de son cycle de vie, et se décompose en 3 FE différents :
- Sortie fournisseur : les émissions liées à la conception et la production du produit.
- Utilisation : les émissions liées à l’utilisation du produit.
- Fin de vie : les émissions liées à la fin de vie du produit (son traitement en tant que déchet).
Ainsi, le FE “sortie fournisseur” sera plutôt utilisé dans la catégorie “Achats” du bilan, tandis que les FE utilisation et fin de vie seront plutôt utilisés dans la catégorie “Produits vendus” (selon la méthode Bilan Carbone®).
Un bilan est en effet divisé en plusieurs catégories, ou “scopes”, qui peuvent différer selon les méthodes considérées.
La méthode du GHG Protocol définit les 3 scopes :
- Scope 1 : les émissions directes de l’entreprise.
- Scope 2 : les émissions indirectes de l’entreprise.
- Scope 3 : les émissions indirectes non contrôlées de l’entreprise.
Les méthodes qui ont suivi divisent les sources d’émissions en 6 catégories :
- Les émissions directes
- Les émissions indirectes
- Associées à l’énergie⚡
- Associées au transport🚊
- Associées aux produits achetés🛒
- Associées aux produits vendus💶
- Autres émissions indirectes.
Ces PCF se calculent selon la norme ISO 14067, et peuvent être directement demandés aux fournisseurs, afin de pouvoir calculer les émissions de GES induites par l’achat de leurs produits ou services spécifiques, plutôt que d’employer des FE moyens qui pourraient correspondre à n’importe quel fournisseur.
Obtenir le PCF de son fournisseur permet de calculer des émissions plus précises, de réduire l’incertitude du bilan et d’en augmenter la robustesse.
Chez GCI, notre module Décarbon’Achats® vous permet de faire cette demande auprès de vos fournisseurs, de leur donner un accès gratuit à la plateforme et de les guider dans la réalisation de leur PCF, afin de maximiser le taux de réponses positives et l’engagement fournisseur.
☁️“éq. CO2”, une unité comparative des GES.
Revenons sur les “équivalents CO2”, utilisés pour exprimer les facteurs d’émissions. Cette unité de comptabilité carbone permet de quantifier les flux de gaz à effet de serre (GES) générés par les activités humaines. Parmi ces GES, on trouve le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), et le protoxyde d’azote (N2O), entre autres.
Afin de comparer de manière cohérente l’impact climatique de chacun de ces gaz, il est nécessaire de convertir ces impacts en une unité commune. Le critère de comparaison est leur Pouvoir de Réchauffement Global (PRG), qui mesure l’impact de chaque gaz sur le climat par rapport au CO2. En utilisant le PRG du CO2 comme référence, les émissions de chaque GES sont converties en “équivalent CO2”, permettant une évaluation uniforme de leur contribution au changement climatique.
Choisir un facteur d’émission
Le rôle du FE dans un bilan d’émissions de GES est essentiel. C’est grâce à lui qu’est fait le calcul des émissions qu’une entreprise cherche à quantifier en effectuant un bilan en premier lieu.
Le choix du bon FE est donc capital, puisque de lui dépend la qualité et la fiabilité du calcul du bilan de l’entreprise.
〽️Physique ou monétaire
Un critère à prendre en compte est la nature du facteur d’émission : physique, ou monétaire.
Un facteur d’émission physique représente la quantité de CO2 émise par une unité physique consommée, comme des kWh, des litres, des nombres, etc. Il permet donc de comptabiliser des flux physiques.
Un facteur d’émission monétaire représente la quantité de CO2 émise par euro dépensé pour le poste considéré, et sera exprimé en kg éq. CO2/k€ HT. C’est une différence méthodologique de taille. Si ces facteurs permettent de comptabiliser des flux non-physiques (comme l’achat de services), ils sont intrinsèquement moins précis que les facteurs physiques, notamment parce qu’ils dépendent des fluctuations de prix. Un exemple est celui des marchés de l’énergie, très volatiles : les facteurs d’émission concernés seront donc très sensibles à cette volatilité, et amenés à changer régulièrement.
Il est recommandé de ne les utiliser seulement que pour quelques catégories du bilan (achats de biens ou services des entreprises par exemple), ou alors quand la donnée physique ne peut pas être obtenue.
❓L’incertitude
L’incertitude désigne l’écart possible entre la valeur allouée à la grandeur quantifiée et la valeur réelle. Elle est soit exprimée en une valeur fixe (5%, 15%, 30%…), soit en un intervalle (entre 10 et 15% d’imprécision par exemple) pour un niveau de confiance donné. Si le niveau est de 95%, alors il y a 95% de trouver la bonne valeur dans l’intervalle donné.
Les FE possèdent une incertitude intrinsèque, qui peut être dûe à plusieurs facteurs :
- Manque d’exhaustivité des données : certaines mesures ou données peuvent ne pas être disponibles, parce que le procédé n’est pas encore reconnu ou que la méthode de mesure n’existe pas encore. Cela mène à une conceptualisation incomplète du facteur d’émission.
- Manque de représentativité temporelle : les données et/ou les calculs d’émissions associés sont datés. Cela peut introduire un biais.
- Modèles complexes : certains modèles utilisés pour mesurer les émissions et absorptions de GES peuvent se révéler très complexes. Leur utilisation peut amener des incertitudes pour diverses raisons. Deux exemples sont :
- Ces modèles sont des simplifications de systèmes réels, et ne sont donc pas exacts.
- Des formules alternatives peuvent amener à des estimations différentes.
- Manque de fiabilité : les données peuvent ne pas être directement mesurées, ou bien simplement ne pas encore exister. Des hypothèses peuvent alors être utilisées en substitution, ou bien des données peuvent être extrapolées.
- Manque de représentativité technologique : les émissions liées à un certain procédé ne peuvent pas être mesurées, et sont donc modélisées par un procédé similaire.
- Erreur de mesure
La détermination de la valeur des FE est donc relativement incertaine. L’incertitude sur les facteurs d’émission va de 5% à 80% (pour les facteurs d’émission monétaires).
Le choix d’un FE impacte également le bilan de l’entreprise avec son incertitude. L’incertitude globale d’un bilan est estimée à partir de l’incertitude des facteurs choisis et des données d’activité disponibles. Plus les facteurs choisis sont incertains, plus le bilan final sera incertain.
Comment trouver un facteur d’émission ?
Maintenant que nous avons établi le rôle d’un facteur d’émission, voyons où les trouver.
📂Les différentes bases de données existantes.
Les FE se trouvent sur des bases de données. Certaines sont publiques, d’autres payantes, d’autres spécifiques à des outils de bilan GES. Il existe également des bases de données pour des facteurs spécifiques à certains secteurs. Quelques exemples sont :
- La base Empreinte®de l’ADEME (publique)
- La base Ecoinvent (payante)
- La base INIES pour le secteur de la construction
- La base DEFRA pour le Royaume-Uni.
🤝Les facteurs issus directement des fournisseurs
Pour avoir le facteur d’émission le plus précis possible et le plus pertinent concernant les achats des entreprises, le meilleur moyen reste d’obtenir le FE directement à la source : le fournisseur.
En réalisant son Product Carbon Footprint, ou PCF, le fournisseur pourra évaluer le poids carbone de son produit et donc fournir un FE le plus précis possible à ses entreprises clientes.
Et chez GCI, c’est gratuit !
Bien choisir ses FE permettra ainsi un Bilan GES de qualité, des sources d’émissions bien identifiées, une empreinte carbone bien mesurée, et donc des actions de réduction de cette empreinte pertinentes.