Comment est calculé le prix de la compensation carbone ?
Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 (fixé par de nombreux pays et entreprises), et être en accord avec l’objectif d’un réchauffement climatique limité à 2 degrés, il est nécessaire de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES), que ce soit au niveau des particuliers, des entreprises, ou des Etats.
Une première étape est la réalisation d’un bilan BEGES, pour identifier ses principaux postes d’émissions et ses principaux leviers de réduction de ces émissions en quantifiant son empreinte carbone. Toutefois, il arrive que certaines émissions soient incompressibles. Une entreprise, ou un particulier, peut alors recourir à la compensation carbone en achetant des crédits carbone. Il lui faudra alors choisir entre plusieurs labels, projets de compensation carbone, et montants.
La plateforme « Compensation Carbone », soutenue par l’ADEME, constate en 2023 une augmentation du prix de la tonne de CO2 sur le marché de la compensation carbone volontaire. La moyenne passe de 4,1€/tCO2 en 2021 à 6,1€/tCO2 en 2022. Elle constate également un prix moyen de 33€/tCO2 pour les projets certifiés par le Label Bas-Carbone français.
EN 2017, selon le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, les crédits carbones des projets dits « MDP » et « MOC » se vendaient à 50 centimes par tonnes de CO2.
Pourquoi un tel écart ? Dans cet article, nous étudierons les mécanismes de fixation des prix pour la compensation carbone.
1. La compensation carbone, une solution de
2. Deux places d’échange des crédits carbone
3. Les mécanismes de fixation des prix des crédits carbone
4. L’exemple du Label Bas-Carbone
🌍La compensation carbone, une solution de dernier recours aux enjeux planétaires.
Revenons d’abord sur la compensation carbone, son but et son organisation.
La compensation s’appuie sur le principe qu’une quantité de GES émise a le même impact, où qu’elle soit émise. En théorie, réduire ses émissions chez soi, ou permettre une réduction ailleurs, a donc le même bénéfice final sur la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Ainsi, il est possible d’acheter des crédits carbone pour compenser ses émissions irréductibles (en dernier recours). Ces crédits certifient une quantité de tonnes de CO2 évitées (réduites ou séquestrées) grâce à un projet de compensation carbone. Le financeur peut ainsi compenser ses émissions au montant de son achat, en participant au financement du projet de compensation, et réduire son empreinte carbone. Un crédit est égal à une tonne de CO2 évitée.
Il faut toutefois retenir que la compensation carbone est une solution de dernier recours. Elle n’annule pas l’impact des émissions effectives, et peut avoir comme effet secondaire du greenwashing, ou de ne pas encourager les financeurs des projets à réduire leurs émissions.
Or, la priorité est de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour réduire leur impact sur le climat et l’environnement, dans une démarche de développement durable. Une première étape dans cette réduction est la réalisation d’un bilan des émissions de GES, pour quantifier ses émissions, identifier ses principaux postes d’émissions, et mettre en place un plan d’action efficace et pertinent.
Cette réduction des émissions est notamment importante dans le cadre de l’objectif de neutralité carbone 2050, pour lequel se sont engagés de nombreux pays (dont la France) et entreprises, parfois même à horizon 2030.
La neutralité carbone signifie que les émissions de GES sont absorbées en totalité par les puits de carbone naturels (forêts, océans, atmosphère…). Pour respecter la capacité d’absorption de ces puits et atteindre la neutralité carbone, il est nécessaire de réduire les émissions de GES actuelles.
📈Deux places d’échange des crédits carbone
Les crédits carbones s’échangent sur deux marchés : le premier réglementé, et le deuxième volontaire. Selon le type de marché, les mécanismes de fixation des prix diffèrent.
Le marché réglementé permet aux Etats de compenser les émissions qu’ils émettent en plus de leur quota carbone (échangés sur la place financière mise en place par le protocole de Kyoto), en achetant des crédits dans le cadre de projets « MDP » (Mécanisme de développement propre » ou « MOC » (Mise en œuvre conjointe). Ces projets sont certifiés par l’ONU, et leur montant est fixé par une logique de régulation entre offre et demande, ainsi que d’autres facteurs. Par exemple, en 2017, selon le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, les crédits carbones de projets MOC ou MDP se vendaient à environ 50 centimes à cause d’un grand déséquilibre entre l’offre et la demande (offre trop grande par rapport à une demande presque inexistante).
Le marché volontaire permet aux entreprises et aux particuliers de compenser volontairement leurs émissions, notamment pour démontrer un engagement écologique. C’est un marché de gré à gré, où vendeurs et acheteurs sont soit directement en relation, soit mis en relation à travers un courtier, et s’échangent les crédits à un montant fixé entre eux. Dans le cadre présenté ici, les acheteurs et financeurs sont mis en relation par un courtier carbone, qui intervient lors des opérations de vente et d’achats de crédit.
Les montants sont fixés en fonction de différents critères qui varient en fonction des projets de compensation carbone associés.
💲Les mécanismes de fixation des prix des crédits carbone
Les crédits carbones sont fondamentalement hétérogènes : ils sont caractérisés par leur label, leur type de projet, ou encore les cobénéfices que leur projet génère. Cela résulte donc en une différenciation de prix, qui reflète notamment les préférences des acheteurs et les coûts d’implémentation des différents projets.
La valeur des crédits carbones est fixée en fonction de :
- Facteurs clés :
- La zone géographique du projet.
- La certification du projet (différents standards et labels existants).
- Le type d’activité.
- Autres facteurs :
- Les autres cobénéfices du projet : bénéfices sociaux, économiques…
- Le nombre d’intermédiaires et commissions entre l’acheteur et le vendeur (courtier par exemple).
- Le volume de crédits achetés.
Les facteurs peuvent être résumés ainsi :
🇫🇷L’exemple du Label Bas-Carbone
Le Label Bas-Carbone est un label 100% français mis en place par le gouvernement en 2018 pour certifier des projets de compensation carbone se déroulant sur le territoire français.
Le montant est calculé de gré à gré, en fonction du financeur et du porteur du projet. Plus précisément, le montant est fixé sur l’ensemble du projet, puis divisé en tCO2 en fonction du nombre de tCO2 disponibles à l’achat.
Les prix dépendent donc du type de projet, de sa localisation, de l’existence de subventions publiques, des cobénéfices générés, ainsi que de la méthode utilisée.
C’est ainsi que l’on peut expliquer une différence entre le prix moyen de la tCO2 et le prix moyen de la tCO2 du Label Bas-Carbone.