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L’impact carbone de l’industrie du textile : bilan et solution durable

Acteurs compensation carbone
L’industrie du textile, bien qu’étant un acteur majeur de l’économie mondiale, est également l’une des industries les plus néfastes pour l’environnement, avec des émissions annuelles de dioxyde de carbone (CO2) s’élevant à 4 milliards de tonnes par an. Chaque étape du processus de production, de la production des matières premières à la gestion des déchets textiles, contribuent à l’empreinte carbone du secteur. Depuis la fin du 20ème siècle, la demande de vêtements a considérablement augmenté, entraînant une hausse significative de la production.

En effet, entre 1996 et 2012, les ventes de vêtements en Europe ont connu une croissance de 40%, reflétant une tendance mondiale vers une consommation accrue de textiles. Cette période a été marquée par l’émergence de la “fast fashion”, un modèle économique qui repose sur la production rapide et peu coûteuse de vêtements suivant les dernières tendances. Ce phénomène axé sur la croissance et la surconsommation a profondément modifié les habitudes d’achat, encourageant l’acquisition fréquente de nouveaux vêtements et réduisant la durée de vie des articles.

Face à ces enjeux, il est clair que l’industrie textile doit adopter des pratiques plus durables. L’établissement d’un bilan carbone constitue l’une des premières étapes pour identifier les principales sources d’émissions et mettre en place des stratégies de réduction efficaces. Dans ce contexte, l’exemple de l’industrie textile offre une étude de cas pertinente pour comprendre comment les entreprises peuvent s’engager dans une démarche de durabilité tout en restant compétitives sur le marché mondial.

1. Analyse des émissions de CO2 dans l’industrie Textile

1.1 Les matières premières

1.2.La phase de fabrication

1.3 Le transport

1.4 Utilisation au quotidien

1.5 La fin de vie des produits

2. Comment réduire l’empreinte carbone du textile?

2.1 La sobriété et l’éco-conception

2.2 La réglementation

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Analyse des émissions de CO2 dans l’industrie Textile

Avant de pouvoir réduire les émissions de CO2 de l’industrie textile, il est essentiel de comprendre leurs origines afin d’établir son bilan. Les principales sources d’émissions peuvent être regroupées en plusieurs catégories : les matières premières, la fabrication, les déplacements, l’emballage et l’utilisation. Chacune de ces étapes contribue à l’empreinte carbone globale de l’industrie.

L’industrie du textile génère des émissions de gaz à effet de serre à chaque phase de son cycle de vie. Voici les principaux postes d’émissions du secteur textile :

🌱 Les matières premières

La production de matières premières est la première étape et l’une des étapes les plus émettrices de carbone. Le choix de la matière première est donc très important, car selon une étude de l’ADEME, elle est responsable en moyenne de 44 % de l’empreinte carbone d’un article d’habillement.
Les principales matières premières utilisées sont :

🧵 Le coton : la culture du coton conventionnel nécessite une grande quantité d’eau et de pesticides, ce qui contribue à son empreinte carbone. Le coton biologique est une alternative plus durable, mais il représente encore une faible part de la production totale de coton.

🔬 Les fibres synthétiques : le polyester, le nylon ou encore les acryliques sont issus du pétrole, les procédés industriels de chimie organique nécessaire à leur production sont émetteurs de GES.

🌿 Les fibres naturelles : La laine, le lin et le chanvre ont généralement une empreinte carbone plus faible que les fibres synthétiques, car elles sont renouvelables et biodégradables. Cependant, leur production peut également avoir un impact environnemental fort, notamment en raison de forte exploitation de terres et d’eau.

♻️ Les matières secondaire : Il existe aussi des matières premières secondaires, ce sont les matières recyclées. Elles peuvent être produites par procédés mécaniques ou chimiques.

La phase de fabrication est l’étape suivante dans la chaîne de production textile. Cette étape consiste à transformer les matières premières en produits finis dans des usines qui consomment beaucoup d’énergie et de ressources. Cette étape comprend plusieurs processus, tels que la filature, le tissage ou le tricotage, la teinture, l’impression et l’ennoblissement, chacun ayant un impact environnemental.

🔍La phase de fabrication

Une fois les matières premières collectées, elles sont transformées en fil, c’est l’étape de filature. Cette phase implique l’utilisation de machines et de produits chimiques qui contribuent fortement à l’empreinte carbone

La filature : Une fois la matière première choisie, il faut la transformer en fil. Cette étape utilise de nombreux produits chimiques pour rendre les fils plus résistants lors du tissage.

Le tissage ou le tricotage : le fil est transformé en tissu ou en tricot. Cette étape nécessite beaucoup d’eau et d’énergie.

La teinture et l’impression : cette étape vise à donner aux fibres ou aux tissus une couleur précise, différente de leur couleur naturelle. Ces opérations nécessitent l’application de nombreux produits chimiques, d’eau et d’énergie.

L’ennoblissement : cette étape consiste à transformer l’apparence et les propriétés d’un tissu (imperméabilité, brillance, effet de vieillissement, etc.) par des traitements chimiques ou mécaniques.

La confection : une fois le tissu ou le tricot prêt, il est coupé et cousu pour devenir un vêtement prêt à être porté.

Chacune de ces étapes émet des émissions de gaz à effet de serre, ce qui fait de la phase de fabrication une étape très émettrice. Elle peut représenté environ 20 % des émissions totales de GES dans le cycle de vie d’un vêtement. L’impact carbone est réparti de la manière suivante :

  • 43 % provient de la filature
  • 34 % est lié aux étapes de tissage et tricotage
  • 3 % est imputable à l’ennoblissement
  • 20 % concerne la confection.

La phase de fabrication dans l’industrie textile est très énergivore, nécessitant une utilisation importante de chaleur sous forme de vapeur et d’électricité. De plus, les chaînes d’approvisionnement sont souvent complexes et impliquent de nombreux pays, ce qui augmente le bilan carbone.

Par exemple, pour fabriquer un jean, du coton peut être cultivé en Inde, puis filé, tissé et teint en Chine ou en Turquie, avant d’être confectionné au Bangladesh, en Asie du Sud-Est, en Tunisie ou en Turquie pour être finalement vendu en France et dans le monde entier.

Cela peut impliquer des milliers de kilomètres d’acheminement, augmentant ainsi l’empreinte carbone. De plus, les pays concernés n’ont pas nécessairement un mix énergétique décarboné et n’utilisent pas toujours les meilleures pratiques pour limiter la pollution, ce qui entraîne l’usage de machines à forte intensité carbone.

On pourrait croire que le transport et la distribution du e-commerce pèsent le plus lourd dans la balance carbone de la mode, mais il n’en est rien. En réalité, la majeure partie de l’impact provient des étapes amont de production. En effet, deux étapes simples en apparence, la préparation du fil et la teinture ou blanchiment concentrent à elles seules 28% et 36% du total des émissions équivalent carbone du secteur respectivement. Cela s’explique par l’intensité énergétique nécessaire pour chacune d’elles. Pour la teinture par exemple, il est nécessaire de monter en température et de réaliser la teinture ou blanchiment à chaud.

Exemple :
La couleur “bleu jean” est obtenue à partir de teinture indigo de synthèse, souvent rejetée sans traitement dans la nature après utilisation : chaque année, on estime que 140 000 L de teinture indigo sont rejetées dans la nature sans traitement.

Ainsi, ce qui pèse très lourd dans l’empreinte carbone de la fabrication d’un textile, c’est bien la consommation d’énergie associée aux différents stades de la conception. Bien plus que les déplacements par exemple.

✈️ Le transport

La phase de transport dans l’industrie textile implique de nombreux trajets entre les différents pays de production de matières premières, de filature, de tissage et d’assemblage, ainsi que de la sortie d’usine à la distribution dans les magasins en France. Cependant, malgré ces nombreux trajets, cette phase ne représente qu’une faible part de l’empreinte carbone du secteur. Le transport peut représenté jusqu’à 10% de l’empreinte carbone totale.

 

👚 Utilisation au quotidien

L’usage quotidien des vêtements est une phase importante à prendre en compte dans l’empreinte carbone de l’industrie textile. Bien que cette phase soit peu conséquente en termes d’utilisation d’électricité, elle implique une consommation d’énergie non négligeable pour laver, sécher et repasser nos vêtements.

Le lavage des vêtements libère également des microfibres qui se retrouvent dans les boues des stations d’épuration ou dans les océans. Les textiles synthétiques tels que le nylon, le polyester, l’acrylique ou l’élasthanne sont la quatrième source d’émission de microplastiques dans l’environnement. En effet, l’entretien de nos vêtements synthétiques génère 240 000 microparticules de plastique relâchées dans les océans chaque année dans le monde.

L’utilisation est également une étape clé pour allonger la durée de vie des vêtements. En prendre soin est essentiel pour qu’ils durent plus longtemps et ainsi réduire l’impact de notre habillage. Les fibres d’un article mis régulièrement dans une machine à sécher auront tendance à s’abîmer plus rapidement, ce qui réduira la durée de vie du vêtement.

🚮 La fin de vie des produits

Effectivement, notre consommation de vêtements a considérablement augmenté ces dernières années, avec une quantité achetée deux fois plus importante qu’il y a 15 ans. De plus, nous avons tendance à les garder moins longtemps et à laisser certains vêtements inutilisés dans notre placard.

Lorsque ces vêtements ne sont plus utilisés, ils sont souvent recyclés ou finissent en décharge, ce qui représente 7% des émissions de gaz à effet de serre du secteur textile. Cependant, cette phase reste importante car jeter un vêtement implique souvent d’en racheter un nouveau, ce qui augmente encore l’impact environnemental.

Pour réduire cet impact, il est nécessaire d’augmenter la durée de vie des vêtements en les entretenant correctement et en les portant plus longtemps. Cela permettrait de réduire la quantité de vêtements jetés et donc de diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées à leur fabrication et leur fin de vie.

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Comment réduire l’empreinte carbone du textile?

🌿 La sobriété et l’éco-conception

Pour diminuer l’empreinte carbone de l’industrie textile, plusieurs solutions existent. La première étape consiste à réduire la production et la consommation de matières premières en optant pour des articles de qualité supérieure et plus durables. Il est conseillé d’éviter les fibres animales qui ont une empreinte carbone élevée et de privilégier les fibres recyclées telles que le coton recyclé, la viscose ou le polyester recyclé.

Cependant, le recyclage du polyester a ses limites car il perd de sa solidité et de sa qualité lorsqu’il est recyclé, nécessitant souvent l’ajout de matière vierge. Le recyclage du coton permet notamment de réduire de 98% la consommation d’eau par rapport à un coton non bio, ce qui réduit drastiquement l’empreinte écologique du vêtement.

Le recyclage du coton permet de réduire considérablement la consommation d’eau par rapport au coton non biologique, réduisant ainsi l’empreinte écologique du vêtement. Cependant, il est important de noter que toutes les fibres ont un impact environnemental, certaines étant simplement moins importantes que d’autres. Même si les fibres sont recyclées, l’impact sera toujours présent en raison de certaines phases énergivores, en particulier lors de la fabrication.

Par conséquent, le recyclage doit être complété par d’autres pratiques telles que la réutilisation et l’allongement de la durée de vie des vêtements, qui sont essentielles pour réduire l’impact environnemental de l’industrie textile. Il est donc important de produire et de consommer moins en privilégiant des vêtements de qualité et en prenant soin de ceux que nous possédons déjà.

🧑‍⚖️ La réglementation

La responsabilité de la réduction de l’empreinte carbone de l’industrie du textile incombe aux entreprises, mais nécessite également une réglementation stricte. Voici quelques mesures réglementaires qui peuvent aider à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile :

La loi Agec oblige les entreprises à réemployer, réutiliser ou recycler les produits non alimentaires invendus, et à informer clairement les consommateurs sur les caractéristiques environnementales des produits qu’ils achètent.

Une traçabilité rigoureuse des produits est nécessaire pour évaluer les impacts environnementaux réels, en particulier pour calculer l’empreinte carbone des produits importés.

● Des sanctions pour les pratiques commerciales de la fast fashion qui encouragent la surconsommation doivent être mises en place.

● Les entreprises doivent sélectionner des fournisseurs qui utilisent des énergies renouvelables ou des processus plus sobres, car les différentes phases de la conception génèrent beaucoup d’émissions liées à la consommation d’énergie. Ce travail peut être effectué avec des fournisseurs installés dans les pays producteurs où le mix énergétique est très carboné.

● La relocalisation de la production en France ou dans d’autres pays où le mix énergétique est moins carboné qu’en Chine, au Bangladesh ou en Inde peut également contribuer à réduire l’empreinte carbone de l’industrie textile.

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