Guide pratique pour calculer l’empreinte carbone d’un produit par l’ACV

Qu’est-ce que l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) ?

L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est considérée comme l’outil le plus avancé et rigoureux pour évaluer de manière globale et multicritère les impacts globaux d’une production d’un bien ou service, ses répercussions environnementales sur l’ensemble de leur cycle complet, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à sa fin de vie (du “berceau à la tombe”).

Elle examine les différentes étapes telles que la fabrication, la distribution, l’utilisation et l’élimination, afin de mesurer la consommation de ressources naturelles, les émissions de GES, la pollution de l’air, de l’eau et du sol, ainsi que d’autres impacts environnementaux associés.

En utilisant l’ACV, les entreprises et les organisations peuvent mieux comprendre les conséquences environnementales de la production de leurs biens et prendre des décisions plus éclairées en matière de développement durable et de réduction de leur empreinte écologique.

Il y a 5 étapes clés à prendre en compte dans le cycle de vie d’un produit :

⚒️ L’Extraction des matières premières : Cette étape représente l’extraction des ressources naturelles nécessaires à la fabrication du bien, telles que l’exploitation minière, l’agriculture, la foresterie, etc.

🏭 La Fabrication : Durant cette étape, les matières premières sont transformées en produits finis. On doit y inclure des processus tels que la production industrielle, l’assemblage, la fabrication de composants, etc.

🚚 La Distribution : Une fois le bien fabriqué, il est distribué aux consommateurs ou aux points de vente. Ce sont donc les activités telles que le transport, le stockage, la logistique et la commercialisation.

🛒 L’Utilisation : Cette étape concerne l’utilisation réelle du bien par les consommateurs. Il peut s’agir de son fonctionnement, de sa consommation d’énergie, de son entretien et de son utilisation quotidienne.

🗑️ La Fin de vie : À la fin de sa durée d’utilisation, le produit atteint sa fin de vie. Cette étape comprend la collecte, le recyclage, la réutilisation, la réparation, l’élimination et la gestion des déchets associés au bien.

Il est important de noter que le cycle complet peut varier en fonction du bien et de l’industrie spécifiques. Certaines étapes peuvent être plus complexes ou comporter des sous-étapes supplémentaires.

Cycle de vie d’un produit

🌿Les différentes catégories d’impacts environnementaux considérées dans l’ACV

Dans l’ACV plusieurs catégories d’impacts sont généralement considérées pour évaluer l’empreinte environnementale complète d’un bien. Voici les principales catégories :

⚫ Les Émissions de gaz à effet de serre : Cette catégorie est souvent la plus étudiée en ACV et l’empreinte carbone en est un aspect clé. Les GES émis comprennent principalement le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O). L’évaluation de l’empreinte carbone permet de quantifier les émissions de CO2-équivalent tout au long du cycle complet du bien, y compris les émissions directes et indirectes liées à la fabrication, à l’utilisation et à l’élimination.

💡 La Consommation d’énergie : Cette catégorie mesure la quantité d’énergie consommée tout au long du cycle de vie du bien. Elle inclut l’énergie nécessaire pour l’extraction des matières premières, la fabrication, le transport, l’utilisation et l’élimination du bien. La consommation d’énergie est souvent liée aux Gaz à Effet de Serre, car la production et l’utilisation d’énergie sont souvent associées à la combustion de combustibles fossiles, qui émettent du CO2.

🌿 La Consommation de ressources naturelles : Cette catégorie évalue l’utilisation des ressources naturelles tout au long du cycle complet du bien, notamment les ressources non renouvelables (comme les minéraux, les métaux, le pétrole) et les ressources renouvelables (comme l’eau, le bois). L’épuisement des ressources naturelles peut entraîner des conséquences environnementales importantes, telles que la destruction des écosystèmes et la dégradation des habitats naturels.

💧 La Pollution de l’eau : Cette catégorie examine les impacts de pollution de l’eau résultant des activités liées au cycle complet du bien, tels que le rejet de substances toxiques, de biens chimiques ou d’agents polluants dans les cours d’eau, les lacs ou les océans. La pollution de l’eau peut nuire à la biodiversité aquatique et aux écosystèmes, ainsi qu’à la qualité de l’eau potable.

☁️La Pollution de l’air : Cette catégorie évalue les émissions atmosphériques résultant du cycle complet du bien, telles que les émissions de polluants atmosphériques (par exemple, les oxydes d’azote, les composés organiques volatils, les particules fines) et les émissions de substances toxiques. Ces polluants peuvent avoir des impacts sur la qualité de l’air, la santé humaine et les écosystèmes.

♻️ Les Déchets et la gestion des déchets : Cette catégorie examine la quantité et la nature des déchets générés tout au long du cycle complet du bien, ainsi que les pratiques de gestion des déchets associées (par exemple, recyclage, incinération, mise en décharge). Une gestion inadéquate des déchets peut entraîner une pollution de l’environnement, une dégradation des sols et des problèmes sanitaires.

♻️ A quoi sert l’ACV ?

L’ACV est donc particulièrement utile pour prendre des décisions concernant l’ensemble du processus de fabrication d’un bien. Les résultats obtenus permettent, par exemple, de visualiser les étapes du cycle complet qui ont le plus d’impact environnemental, afin d’identifier des pistes d’amélioration visant à réduire cet impact. On peut ainsi plus facilement trouver des solutions pour diminuer l’empreinte écologique du bien. L’ACV permet également de répondre à de nombreux enjeux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.

🎯 Les enjeux liés à l’ACV

🌿 Les Enjeux environnementaux

Face à l’urgence climatique, réduire les GES émis liés aux productions de biens est un enjeu clé. Ainsi, l’ACV fournit des informations précieuses pour prendre des décisions éclairées en matière de conception de biens, de choix de matériaux, de processus de fabrication, de modes de déplacement, etc. Elle permet de comparer différentes options et d’identifier les meilleures pratiques environnementales.

🔍 Les Enjeux de transparence

L’ACV fournit également des informations crédibles et vérifiables sur les performances environnementales des biens. Ces informations peuvent être communiquées aux consommateurs, aux parties prenantes, aux régulateurs et aux autres acteurs impliqués dans la chaîne de valeur. On favorise ainsi une plus grande transparence et permet aux consommateurs de faire des choix plus durables.

📄 Les Enjeux réglementaires

L’ACV est utilisée comme base pour le développement de normes et de réglementations environnementales. Elle contribue à l’harmonisation des méthodologies d’évaluation et facilite la comparabilité des résultats entre différents biens ou services.

Comment est calculée l’ACV ?

Pour réaliser une ACV de manière rigoureuse, il est nécessaire de suivre des méthodologies établies et de respecter certaines étapes clés. 

📚 Les méthodes utilisées

La méthode ACV est considérée comme normalisée, ce qui signifie qu’elle est encadrée par les normes internationales ISO 14040 et ISO 14044. Ces normes fournissent des directives détaillées sur la manière de mener une ACV de manière rigoureuse et fiable. Elles font partie de la famille des normes ISO 14000, qui régissent la gestion environnementale des entreprises.

💡 Les étapes de clés d’une ACV

1️⃣ Définition de l’objectif et du champ d’application : tout d’abord, il est important de déterminer clairement l’objectif de l’ACV, c’est-à-dire ce que l’on souhaite évaluer. Pour cela il est nécessaire de déterminer :

Les objectifs de cette évaluation :

• L’application (comparaison entre différents biens, éco-conception, etc.) ;
• La cible ou le destinataire de l’étude ;
• Les “frontières” du système évalué (c’est-à-dire les processus qui doivent être inclus dans la modélisation du système) ;

L’unité fonctionnelle reposant sur 3 critères :

• la durée de vie du produit ;
• la quantité et la fréquence d’utilisation ;
• la performance.

2️⃣ Inventaire du cycle de vie (ICV) : Cette étape consiste à recueillir et à quantifier les flux de matières premières, d’énergie et de déchets associés à chaque étape du cycle complet du bien, de l’extraction des matières premières à la disparition du bien.

Lors de l’ACV, les flux collectés sont généralement regroupés en deux catégories : les facteurs d’activités et les facteurs d’émissions (FE). Les facteurs d’activités sont des mesures quantitatives telles que les kilomètres parcourus, les tonnes transportées, la consommation d’énergie, etc. Ils permettent de quantifier les ressources utilisées et les activités réalisées à chaque étape du cycle de complet du bien.

Quant aux FE, ils représentent les quantités de substances ou de polluants spécifiques émis lors des différentes étapes du cycle complet. Par exemple, cela peut inclure les émissions d’oxyde d’azote (NOx) dans l’air ou les rejets d’orthophosphates (PO4) dans l’eau. Ces FE sont utilisés pour évaluer l’impact environnemental de chaque étape.

3️⃣ Évaluation des impacts : Les données recueillies dans l’inventaire sont ensuite converties en impacts environnementaux potentiels. Ces impacts sont ensuite répartis en deux catégories : la méthode midpoint et la méthode endpoint.

➡️ La méthode Midpoint

La méthode Midpoint vise à quantifier les effets globaux des substances émises ou consommées tout au long du cycle complet d’un bien ou d’un service. Elles mettent l’accent sur les problèmes potentiels tels que les impacts sur la santé humaine, les écosystèmes, les ressources naturelles, etc.

Par exemple, lorsqu’il s’agit d’évaluer l’impact environnemental lié à l’acidification des sols, les méthodes Midpoint peuvent mesurer cet impact en utilisant des équivalents SO2 (dioxyde de soufre). Cela permet de quantifier les émissions d’autres substances qui contribuent à l’acidification des sols en les convertissant en une unité commune, facilitant ainsi la comparaison et l’évaluation des impacts.

➡️ La méthode Endpoint

La méthode Endpoint dans l’ACV sont axées sur l’évaluation des dommages environnementaux finaux qui peuvent résulter de l’utilisation d’un bien ou d’un service. Elles se concentrent sur les impacts directs et perceptibles à la fin de la chaîne de causalité.

Ces méthodes évaluent les dommages potentiels causés par la consommation ou les émissions de certaines substances. Elles s’intéressent particulièrement aux impacts considérés comme “finaux”, tels que les effets sur la santé humaine, les écosystèmes, la biodiversité, etc. Par exemple, au lieu de simplement évaluer les GES émis, les méthodes Endpoint peuvent évaluer les conséquences plus directes du changement climatique, comme l’élévation du niveau de la mer ou les perturbations des écosystèmes.

4️⃣ Interprétation des résultats : Les résultats de l’ACV sont interprétés et utilisés pour identifier les étapes du cycle de vie qui contribuent le plus aux impacts environnementaux. Cela permet de déterminer les opportunités d’amélioration et d’optimisation.

Les 4 étapes de l’ACV selon les normes ISO 14040 et 14044

🔍 Rôle des facteurs d’émissions (FE) dans le calcul de l’ACV

Les FE jouent un rôle crucial dans le calcul de l’ACV. Ils sont utilisés pour quantifier les émissions de substances ou de polluants spécifiques associés aux différentes étapes du cycle complet d’un bien ou d’un service. Ces émissions peuvent être liées à l’extraction des matières premières, à la production, à l’utilisation, au transport, à la gestion des déchets, etc.

Les FE sont des données spécifiques à chaque substance ou polluant, généralement exprimées en unités de masse par unité fonctionnelle (par exemple, kilogramme par kilogramme de produit). Ils sont basés sur des informations scientifiques et techniques, souvent compilées dans des bases de données spécialisées.

Lors du calcul de l’ACV, les FE sont appliqués aux quantités de matières premières, d’énergie ou d’autres inputs utilisés à chaque étape du cycle complet. Cela permet d’estimer les quantités d’émissions spécifiques associées à ces activités.

Les FE peuvent varier en fonction de plusieurs facteurs, tels que les technologies utilisées, les sources d’énergie, les pratiques industrielles, etc. Ils sont constamment mis à jour et affinés en fonction des nouvelles connaissances scientifiques et des avancées technologiques.

En utilisant les FE appropriés dans le calcul de l’ACV, il est possible d’estimer de manière plus précise les impacts environnementaux tels que les émissions de GES, l’acidification, l’eutrophisation, la consommation d’eau, etc. Cela permet de comparer les performances environnementales de différents biens ou services et d’identifier les domaines où des améliorations peuvent être apportées pour réduire les impacts négatifs.

Il existe 4 types de facteurs d’émissions :

➡️ Les Facteurs d’émissions monétaires : ces facteurs sont proposés par l’ADEME et d’autres bases de référence internationales, et sont applicables à des émissions du scope 3. Ils simplifient considérablement le travail de saisie du Bilan GES, mais comportent de nombreux inconvénients. En effet, en utilisant ces facteurs, l’entreprise doit dévoiler des informations comptables pour effectuer son bilan GES réglementaire. Ces facteurs sont également peu significatifs car les émissions ainsi calculées dépendent des prix auxquels l’entreprise a négocié son énergie, ses biens et services achetés. Ainsi, l’inflation fait donc gonfler le Bilan carbone® des entreprises ! L’ADEME donne une incertitude de 80% pour ces facteurs et recommandent de ne les utiliser qu’en dernier ressort.

➡️ Les Facteurs d’émissions par type de produits et services : ces facteurs sont aussi proposés par l’ADEME et d’autres bases de référence internationales. Ils ne sont toutefois que des facteurs moyens. Par exemple, un T-shirt, qui ne dispose que d’un facteur d’émissions dans la base, peut être produit en Asie ou en Europe selon des processus, matière et énergie différents, ce qui fait varier considérablement la quantité d’émissions de GES qui y associé. De plus, tous les biens et services ne sont pas couverts par ces facteurs (seulement 7000 Facteurs dans la Base Carbone® de l’Ademe, pour des centaines de millions de produits et services sur le marché…). Ils peuvent servir pour faire son premier Bilan d’émissions de GES, mais doivent le plus rapidement possible être substitués autant que faire se peut par des facteurs d’émission plus réalistes décrits ci-dessous.

➡️ Les Facteurs d’émissions composites®, (Product Carbon Footprint, PCF, calculés suivant l’ISO 14 067) : ces facteurs sont élaborés à partir de la composition détaillée d’un produit ou service, et permettent de prendre en compte les émissions de GES associées à chacune des étapes de son cycle de vie (extraction et transport des matières premières, procédés de fabrication, distribution en sortie d’usine, utilisation et fin de vie du produit).

➡️ Les Facteurs d’émissions par unité d’œuvre (FEUO) : ces facteurs sont calculés à partir de l’impact Carbone global d’une organisation ou d’une partie de son activité en allouant les émissions de GES de celle-ci sur ses unités de production. Ils permettent de prendre en compte les différentes étapes du cycle de vie de façon précise.

⚠️ En prenant en compte l’ensemble du cycle complet d’un bien, les Facteurs d’émission par unité d’œuvre (FEUO) et les PCF sont les facteurs qui permettent d’obtenir la vision la plus complète et la plus représentative de l’impact carbone réel d’un produit. Ils jouent également un rôle très important dans le calcul du Bilan Carbone®.

Comment calculer et réduire l’empreinte carbone d’un produit ou d’un service grâce à GCI ?

Conscient que la Compétitivité Carbone® est un atout clé pour les entreprises, GCI a développé une plateforme collaborative facilitant les échanges avec leurs fournisseurs avec un service permettant à toute entreprise, de la TPE aux grands groupes, de calculer en ligne, gratuitement, le facteur d’émission composite® des produits et services proposés, en toute conformité avec l’ISO 14 067 (PCF, Product Carbone Footprint).

Ainsi, la discrimination carbone positive® devient possible dans ses achats et permet de réduire de façon drastique le l’empreinte carbone de ses activités, et ainsi de respecter les Accords de Paris.

💪 Impliquez vos fournisseurs !

Afin d’encourager ses prestataires à fournir leur « Poids Carbone » chacun dispose de deux services spécifiques :

✅ Le Module de « propagation » : Ce module permet à l’entreprise d’adresser automatiquement à chacun de ses prestataires une demande d’information précise sur leurs Facteurs d’Émission (FE) de Gaz à Effet de Serre, et de disposer d’un tableau de bord de suivi.

✅ L’Outil d’analyse « carbone » des offres : Cet outil permet à l’entreprise d’analyser l’impact carbone associé aux fournitures ou services proposés par les fournisseurs. Ainsi elle peut privilégier ceux qui présentent un « poids carbone » inférieur, favorisant ainsi les choix plus durables.

La plateforme GCI est ainsi l’outil idéal pour les organisations qui souhaitent s’engager dans une trajectoire bas-carbone efficace, le potentiel de réduction de ses émissions de GES résidant pour plus de 90% chez ses fournisseurs !

La plateforme GCI permet aux utilisateurs de calculer gratuitement eux-mêmes les facteurs d’émission personnalisés de leurs biens et services, en conformité avec la norme ISO 14 067 : 2018 et le GHG Protocol – Product Life Cycle Accounting and Reporting Standard.